Fille ou garçon ? C'est déjà cette différence qui caractérise le fœtus ou le nouveau-né. Différence physique qui conditionne la partition de l'humanité en deux. Si cette différence a régi le monde durant des siècles, deux évènements au moins bouleversent son appréhension.

D'une part la revendication de l'égalité de sexes. Peu à peu, les femmes ont acquis des droits qui garantissent un traitement identique à tous les individus, quel que soit leur sexe. Cette égalité des droits a permis aux femmes occidentales de sortir de l'exclusion de certains champs de la vie sociale : travail, vie publique, citoyenneté, sport, etc.. Néanmoins, lorsqu'on cesse d'exclure, on discrimine, avertit la philosophe Geneviève Fraisse dans son ouvrage La controverse des sexes ( PUF, 2001). La société est en effet marquée par la domination masculine. Construites au fil des siècles, les structures de cette domination se modifient mais ne se dissolvent pas. L'égalité des sexes doit être considérée comme une utopie, un idéal vers lequel tendre.

D'autre part, la maîtrise de la procréation par les femmes achève de rendre possible au moins dans une certaine mesure, un changement dans le destin féminin. Maîtriser la maternité rend en effet possible une liberté précieuse en matière d'accès à l'éducation, de poursuite d'études supérieures, de réussite professionnelle. En bref, le destin des femmes ne passe plus nécessairement par le fait d'assumer une et surtout plusieurs maternités. En ce sens, la différence des sexes paraît moins pesante dans les pays où les femmes ont les moyens de planifier les naissances.

La question à laquelle nous nous attacherons dans le débat proposé ne cesse pas néanmoins d'être paradoxale. Le fait "différence des sexes" doublé des structures séculaires mises en place pour asseoir la domination masculine est souvent rejeté d'un revers de main  : hommes et femmes, tous pareils. Il peut sembler plus rassurant d'évoquer la complémentarité des sexes, sorte de solution toute faite qui a pour effet d'éluder le problème. Penser la différence des sexes est en effet très contraignant  : comme l'explique Geneviève Fraisse, un tel objet théorique reste quasiment introuvable dans la philosophie tandis qu'il semble omniprésent dans les conversations courantes. La philosophe propose de dépasser l'opposition égalité, différence, en réfléchissant le rapport, la relation entre les sexes qui ne tombe ni dans la valorisation unilatérale de l'un ou de l'autre, ni dans la solution toute faite de la complémentarité. Ainsi, les changements des dernières décennies ont montré que la femme avait triomphé de toutes les peurs qu'elle soit masculinisée. Égalité et différence peuvent se penser conjointement, comme le permet le concept de parité  : hommes et femmes considérés comme identiques quelles que soient leurs différences.

Notre tentative de réfléchir les relations entre hommes et femmes s'ancrera dans deux domaines, à la fois liés et disjoints, le travail et la famille. Lieux de pouvoir, le foyer et l'entreprise ne cessent d'être bouleversés dans nos pays par la mise en question de la place de chacun. C'est le désordre ainsi créé que nous souhaitons interroger. En vertu de l'égalité des sexes, hommes et femmes ont le droit d'exercer le pouvoir dans ces lieux de vie. De par leurs différences qu'il faudrait au préalable définir, hommes et femmes présentent-ils les mêmes comportements, les mêmes envies, les mêmes motivations, les mêmes blocages ? Est-il possible de dépasser sur ce point la notion même d'individu pour faire de ces deux groupes distincts une seule et même humanité, composée de personnes singulières ? Suis-je plus différente de mon voisin s'il est un homme parce que je suis une femme ou parce que je suis une autre personne ? Les structures de domination masculines sont-elles toujours présentes dans le monde du travail ou au sein de la famille ? Pourquoi la perception des inégalités de traitement et des préjugés sexistes diffère-t-elle d'un individu à l'autre ?

Semblables et différents, comment hommes et femmes vivent-ils aujourd'hui leur relation au sein de la famille et dans le monde du travail ? Nos invités, Myriam Cassen, psychologue clinicienne à l'Institut Montaigne et Albert Ripon, spécialiste en psychologie du travail à l'université Bordeaux II vont nous aider à répondre à ces questions et aux vôtres, que nous espérons nombreuses, afin de nourrir notre débat.

- Rendez-vous le mercredi 26 avril à partir de 18h30 à la Galerie de la Machine à lire, 18 rue du Parlement Saint-Pierre à Bordeaux. Entrée libre, débat organisé par le Club Zonta Aquitaine.