Otez-moi un doute : et si, dans un contexte de crise sociale où les Français se rendent compte à la fois des magouilles financières des politiciens, de la politique fiscale éhontée du gouvernement, de sa volonté de brader les services publics, bref de l'arnaque dont le pays est victime... Si après le débat qui a conduit au franc non du pays à un référendum de teinte libérale, le masque de l'hypocrisie de la droite craquèle et découvre la véritable couleur de sa politique... Si les Français ont pris conscience qu'une partie de la population profite largement de la situation économique et s'enrichit sans discontinuer...

Il a pu sembler urgent à Monsieur Sarkozy qui comme chacun sait briguera la fonction de chef d'Etat en 2007, de détourner le regard de ses concitoyens afin qu'ils n'accusent plus les puissants de leurs maux. Pour trouver d'autres responsables, il a suffi d'attiser le feu de la colère des banlieues (déjà éprouvées par l'absurdité des économies de moyens faites sur leurs dos) et de braquer les caméras sur les délits. L'ennemi est désormais en une de tous les journaux.

On demande souvent aux enfants qui se bagarrent :"qui a commencé ?". Quand c'est un adulte, qui plus est Ministre de l'Intérieur, qui se permet d'insulter la jeunesse défavorisée de son pays, au risque de l'embraser, c'est qu'il a clairement choisi de mettre le feu aux poudres. A nous de ne pas être dupes : les jeunes répondent avec des armes de faibles, parce qu'ils sont faibles c'est-à-dire réactifs, mal organisés, irréfléchis. Ce sont des adolescents qui saisissent l'occassion de s'exprimer à la une des médias par le biais le plus simple et le plus absurde : détruire leur environnement. Même si les propriétaires des biens détruits (particuliers, collectivités locales, petites entreprises) peuvent légitimement se sentir victimes des violences qui sévissent ces derniers jours, ils ne doivent pas oublier que celui qui a attaqué risque de les dépouiller encore plus s'il obtient leur soutien électoral. Refusons la logique de la haine et conservons les revendications qui nous préoccupaient il y a encore quinze jours : l'arrêt des mesures antisociales du gouvernement en matière d'emploi, de logement, de privatisation, de service public et de fiscalité. A titre d'exemple, l'Observatoire des inégalités rappelle : pour 2007 le gouvernement prévoit 3,5 milliards de baisse de l'impôt sur le revenu. Un gain de 10 000 euros pour un contribuable gagnant 20 000 euros mensuels.

Avec d'un côté l'alliance lamentable d'un De Villiers avec le FN qui appelle à défiler au nom d'un racisme honteux, de l'autre une gauche qui ne sait plus comment organiser ses troupes tellement elles sont nombreuses et pour autant disparates, 2005 montre une France qui hésite entre repli sur soi haineux et retour des idéaux de gauche. Depuis les années trente, les 200 familles les plus riches du pays n'ont pas quitté leur poste d'observation. Pour elles, pas grand chose à signaler... A Neuilly, seuls des clowns ont osé montrer leur nez à la Mairie...