Florence Louis et Zaz' Rosnet ont eu le plaisir d'animer pour l'association Philosphères deux ateliers philosophiques pour enfants à Cubnezais le 26 octobre, autour du spectacle Le coffre enchanté. L'album est écrit par Jean-François Chabas et illustré par David Sala, (Casterman).

Monté par les bibliothécaires du réseau de la Communauté de communes latitude Nord Gironde, le spectacle de marionnettes a enchanté le public, fasciné par les aventures d'un Empereur violent et possessif qui cherche désespérément à ouvrir un coffre qu'il croit rempli de trésors...Après avoir fait fouetter plusieurs personnages (l'homme fort, l'alchimiste, la magicienne, le serrurier) qui ne parviennent pas à forcer le coffre, un marmiton lui envoie un lynx, réputé voir à travers les choses : l'animal rusé fait croire à l’empereur que le coffre contient moult trésors. Ce dernier, ravi, fait monter la garde auprès du coffre et garantit la protection du félin et de toute espèce."Ce que nous croyons posséder ne compte t-il pas autant à nos yeux que ce nous possédons vraiment ?"

Après la représentation, 18 enfants de 7 à 12 ans se sont réunis : il s'est agi de faire surgir une question suscitée par le spectacle. Le groupe a classé les questions en plusieurs catégories :

- questions techniques, autour des moyens relatifs au spectacle ;

- questions autour du sens de l'histoire ;

- questions autour de l'empereur, et notamment : pourquoi il y a t-il des rois ?

- questions autour de la magie et du conte : pourquoi le coffre ne s’ouvre t-il pas ? qu'est-ce qu'un conte ?  ;

- question sur la raison pour laquelle certains enfants n'avaient pas de question...

C'est finalement la question sur la magie qui a recueilli le plus de vote (12), devant celle sur le roi (10) et celle sur les enfants sans question (10). Invités à choisir une question finale, tous ont choisi de répondre à la première ! Et le groupe s'est séparé en deux, installés confortablement dans deux salles distinctes.

Le premier groupe a spontanément interrogé le rapport entre magie et technique : "la magie, c'est de la technique". Vraiment ? Est très vite apparue la notion d'imaginaire, la magie on l'imagine, ce n'est pas réel, ce n'est pas possible. "Ou rarement" ! Dans l'imaginaire, il y a "pleins de possibles".

Pourquoi utilise t-on la magie ? "Pour plaire aux gens à la télé". "Est-ce que Joséphine disparait vraiment ? demande une fillette. Ce sont des "trucages" répondent les autres. "Cela ressemble à de la magie, mais en fait c'est de la technique..." "Et les arc-en-ciels ? C'est de la pluie avec du soleil" Ni magie, ni technique, les arcs-en-ciel relèvent de la sphère de la science, qui vise le savoir : comprendre les planètes, en classe. La chimie, c'est de la science, l'alchimie aussi : l'intervenante précise la différence historique entre chimie et alchimie.

La technique, elle, n'est qu'affaire de moyens en vue d'une finalité que chacun peut définir.

La science a t-elle à voir avec l'imaginaire ? Oui, parce que rêver c'est aussi inventer. On rêve à "pleins de choses" et après ça peut devenir réel : "comme les garçons qui rêvent de devenir joueur de foot professionnel".

Mais enfin, pourquoi le coffre ne s'ouvre t-il pas ? Les premières réponses (parce qu'il est en fer très dur, parce que l'homme fort n'est pas assez fort...) sont reléguées à la sphère technique. "Pour le suspens" répond un autre. "Pour l'histoire" ajoute une dernière. "Parce qu'il n'y a rien dedans et que le lynx le sait : il ne veut pas se faire fouetter alors il ment". Les enfants rejettent tous l'idée qu'il ait eu raison de mentir : le mensonge est vu comme interdit, absolument. Mentir finit toujours par retomber sur le menteur, en le punissant encore plus... Mais si on croise un individu très laid dans la rue, faut-il lui dire qu'il est laid ? On distingue le fait de ne rien dire, ce qui semble sage, et le fait de lui dire qu'il est beau, là serait le vrai mensonge ! Une petite fille qui jusqu'à là n'avait rien dit, se lance et conclut : "Les adultes nous interdissent dans tous les cas de mentir, alors que depuis notre naissance ils nous mentent, avec l'histoire du Père Noël par exemple. Faut-il dire aux petits que le Père Noël n'existe pas ?"

Les deux groupes se retrouvent pour échanger l'aboutissement de leurs réflexions. Chacun est invité à lancer un mot dans la mêlée : rêve, imagination, technique, coffre, roi, reine, prince, argent, alchimie, instructif, question, multitude, enchanté... Après de telles gymnastiques, les ventres crient famine, l'heure du repas arrive, il est temps de se quitter !