Voici un texte extrait du livre "Vêtement, la fibre écologique" écrit par Myriam Goldminc et Claude Aubert aux Editions terre vivante. Je l'ai extrait du site mon petit oko. Il souligne l'intérêt d'acheter des vêtements en coton biologique.

Xavier est content. Il vient de s’acheter une nouvelle chemise 100% coton, irrétrécissable, sans repassage, bleu roi – une couleur qu’il affectionne. Elégante, bien coupée, et bon marché. Que désirer de mieux ?
Probablement, Xavier ne s’est pas demandé d’où venait le coton de sa belle chemise, ni ce qui avait bien pu se passer entre le moment ou un paysan africain, ou bien indien, avait semé son champ de coton, et celui où sa chemise était sortie de l’atelier de confection. Heureusement pour lui car il y aurait peut-être regardé à deux fois avant de l’acheter, cette chemise.
Le coton a peut-être bien été cultivé pas un paysan béninois ou sénégalais. Pour protéger sont champ des nombreux insectes qui attaquent le cotonnier, il a dû le traiter une dizaine de fois avec des insecticides dont certains sont depuis longtemps interdits en France, car trop toxiques. Il l’a fait sans protection, faute de disposer de l’équipement nécessaire et d’avoir été bien informé sur les risques qu’il courait. Certes, il n’en est pas mort, mais peut-être fait-il partie des 1,5 million de producteurs de coton intoxiqués chaque année par les pesticides. Il a vendu sa maigre récolte à bas prix, et son acheteur a gardé une bonne partie de l’argent pour payer les engrais et les pesticides qu’il lui avait vendus.
De là, les balles de coton ont été acheminées par camion jusqu’au port le plus proche, puis par bateau quelque part en Europe, où les fibres ont été blanchies-probablement avec du chlorite de soude-et enfin filées. Les bobines de fil ont été expédiées dans une autre usine où le tissu a été fabriqué. Une partie du fil-celle constituant la chaîne-a alors été « encollée », c’est- à- dire enduite d’une substance chimique destinée à la protéger des frottements lors du tissage. Après tissage, le tissu a subi un autre traitement chimique pour le débarrasser du produit d’encollage.
L’étape suivante est la teinture. Parmi les centaines de substances chimiques proposées par l’industrie chimique, l’industriel en charge de la teinture a peut-être choisi le colorant dispersé bleu 124. Un des colorants les plus fréquemment à l’origine d’allergies. Pour d’autres couleurs il aurait pu choisir un colorant azoïque, susceptible de se transformer en arylamines cancérogènes. Pour faciliter la fixation du colorant sur le tissu, il a ajouté un fixateur, chimique évidement.
Avant que cette pièce de coton bleu soit devenue une chemise, il a encore fallu lui conférer les qualités qui ont contribué à la décision d’achat de Xavier. Notamment rendre le repassage inutile. Pour cela, la chemise a été imprégnée de résines synthétiques, contenant presque à coup sûr du formaldéhyde. Un autre traitement chimique l’a rendue irrétrécissable. Un troisième, sans doute à base de soude caustique, lui a donné l’aspect brillant et soyeux qui a séduit Xavier.
La dernière étape a été la confection. Le tissu a repris la mer, en direction d’un pays asiatique, vers un atelier de confection dans lequel travaillent probablement des enfants pour un salaire de misère. Un autre bateau, ou peut-être le même, a repris la mer pour Amsterdam ou Le Havre, d’où un camion a, enfin, amené les chemises à leur destination finale.
La fabrication de cette « belle » chemise a donc nécessité :

  • 100 g de pesticides ;
  • 2 000 à 3 000 litres d’eau ;
  • l’utilisation d’une dizaine de produits chimiques différents pour l’ennoblissement ;
  • 15 000 à 20 000 kilomètres de transport en camion et en bateau ;
  • le travail sous-payé d’un agriculteur,d’ouvriers exposés à des produits chimiques dangereux, et probablement d’enfants ;
  • le rejet dans les rivières d’eau polluée par divers produits chimiques.


Quant aux « 100% coton » annoncés sur l’étiquette, l’information est sans doute exacte si l’on parle des fibres textiles utilisées, mais elle est fausse si l’on considère ce qu’il y a effectivement dans la chemise en question. Elle peut en effet renfermer jusqu’à 10% de produits chimiques divers, principalement des résines, utilisés lors des diverses étapes de l’ennoblissement.
La chemise de Xavier, c’est celle que vous trouvez partout. Bien qu’en coton- une fibre naturelle- elle est tout sauf écologique.


Alors en y réfléchissant bien, acheter les produits les plus courants devient problématique... Connaissez-vous le coton bio ? Il devient tout de suite moins ridicule... Il mérite en tout cas réflexion... Qu'en pensez-vous ?