Du non des peuples souverains
Par Florence Louis le vendredi 3 juin 2005, 20:29 - Politique - Lien permanent
Alors voilà : les Français ont majoritairement dit non. Il y a quelques mois, devant l'indifférence générale, les plus "intéressés" d'entre nous s'effrayaient d'envisager qu'un texte aussi important qu'une constitution, allait être sans doute ratifié sans qu'aucun débat n'ait lieu, sans qu'aucune réflexion ne naisse et ne trouble les lourds échos de la voix de son maître qui aboit aux quatre coins du monde.
Et bien non, ce qui tenait alors de l'utopie s'est produit : au moins 70% des Français se sont sentis concernés par la question, au point d'y réfléchir ensemble et de se prononcer. Dans quel but ?
Ceux qui l'ont fait pour réagir à la politique gouvernementale doivent être aujourd'hui bien déçus. Comme prêvu, le chef de l'Etat a juste déplacé un pion, et comble du mépris, il a remis en place un des partisans du oui dont le soutien au traité était le plus franchement libéral. Sarkozy, un cheveu sur la soupe de la victoire, non ? interrogeait un ami d'Afrique, dimanche soir. Nombreux sont ceux qui n'attendent rien de Jacques Chirac et le non proféré a dans sa majorité visé autre chose que de lancer une sentence inaplicable.
Les citoyens ont dit non à la poltique européenne telle qu'elle se déploie sans eux. C'est un non du peuple : les moins diplômés, les moins privilégiés, les ouvriers mais aussi les étudiants, une partie des classes moyennes et intellectuelles, les villes au passé industriel... La frontière est bien sociale. La voix du peuple se fait enfin entendre et elle fait son effet. Alors que le niveau d'éducation n'a jamais été aussi haut, les Français sont toujours qualifiés d'enfants immatures, coléreux et inconscients. La noblesse en juin 1789 n'aurait pas dit mieux. Qu'importe.
Mais maintenant que la voix rendue rauque par tant de silence s'est éclaircie, il faut l'entendre. Que nous dit-elle ? Ces Français-là parlent-ils d'une seule voix ? Certes non, mais parmi les discours émerge bien le point de vue d'une Gauche, celle qui se sent trahie depuis 1983 et la démission de Mitterand, celle qui en a marre de voter pour un Parti Soudoyé par le caviar que Monsieur Kouchner rapporte de ces voyages en Asie centrale pour le compte de Total.
Cette gauche-là, ces voix-là méritent d'être relayées par de véritables porte-paroles : on se prend à rêver que se réveillent les morts car les Jaurès d'aujourd'hui ont bien compris la leçon de l'assasinat du grand homme en 1914 : ils préfèrent faire fortune dans la publicité. Patientons néanmoins : le PS est mort, le Roi rappelle ses bouffons démasqués mais des millions d'yeux se sont ouverts et contemplent désormais le désert politique de gauche, le danger libéral à droite et la promesse faciste de l'extrème droite.
La voix, le regard... manquent encore le corps en entier, la volonté incarnée de changer de cap : et puisque les représentants sont discrédités, il revient aux représentés d'agir. Au moins pour commencer à la partie la plus motivée d'entre eux. L'action efficace nécessite un effort plus grand que le simple vote. Considérons toutefois ce dernier comme une reprise en main de l'Histoire par les Français et depuis le 1er juin par les Hollandais : ne serait-ce pas là la vraie victoire à préserver, l'Europe des peuples enfin en marche ?
Commentaires
mais laissez moi tranquille... j'ai assez de problèmes avec cécilia qui veut plus me voir et préfère passer ses week end avec cette saleté de richard!!! je n'en peux plus. avec mes amis de la police, on prépare le coup d'état pour virer tous les vieux et enfin prendre en main mon règne, ma dictature, qui sera sans limites!
l'europe des peuples enfin en marche?
des peuples qui ne marchent pas dans la meme direction, les anglais, les hollandais, + tous ceux qui n'ont pas pu s'exprimer par le suffrage universel, n'ont pas les mêmes motivations que nous.
La Planète France du NON (PFN) est un monde sortit de l'imaginaire isolé francais, l'arrogance (francaise) a vouloir que tout les peuples Européens vivent sur cette planète me semble un peut irréaliste.
Ecoutons le message des autres pays, le debat ne fais que commencer!
Quelles sont les motivations des Français ? Avoir un niveau de vie correct dans un envirronnement sain et en paix, n'est-ce pas l'intérêt de tous ? Nous divergeons dans le choix du chemin à suivre pour que le plus de monde atteignent ce but. Mais à l'échelle de l'Europe, nous avons les mêmes intérêts : faire face aux Etats-Unis et à la Chine, en préservant un espace démocratique. Les Pays de l'Est comme autefois l'Espagne et le Portugal peuvent atteindre le niveau de vie que nous perdons peu à peu. Quand je dis "nous perdons", il faut comprendre qu'une frange de plus en plus large de population tombe dans la précarité (les nouveaux travailleurs qui vivent en dessous du seuil de pauvreté notamment) au profit de l'enrichissement des plus riches (40 % du pays appartiennent à 10 % de la population et cette inégalité ne fait qu'augmenter).
Le débat je suis d'accord ne fait que commencer, mais je te prie de ne pas insulter les gens qui ont voté non en les qualifiant de PFN : la montée du chomage est une des principales causes de l'arrivée d'Hitler au pouvoir en 1933. Les populations en situation difficile qui ont voté non pour que l'Europe ne les entraine pas plus bas ont pour beaucoup exprimé un point de vue de gauche, démocratiquement : elles doivent être entendues car leur oppposer un mépris constitue un risque majeur de basculement vers l'extrème-droite. Chirac les méprise, certes : que ceux qui ont voté oui ne fassent pas de même mais osent écouter ce qu'ils ont voulu dire.
Comment trouver une transition vers une politique plus efficace sans que les plus pauvres n'en patissent ? Voilà la question !