Révélation que ce film de Leïla Kilani actuellement en salle. Le Maroc tel que vous ne l'avez jamais vu, féminin, urbain, prolétaire, rageur. Il y a de la Rosetta chez cette Badia, l'héroïne que nous suivons pas à pas de sa chambre chez une loueuse à son usine de fille-crevette : avec sa comparse Imane elles sont venues "du centre" du pays pour trouver à Tanger de quoi survivre. Et c'est ce qu'elles essaient de faire, seules, sans foi ni loi, aux prises avec le capitalisme, la consommation, le vol, la prostitution, les amitiés clandestines.

Badia nous subjugue par son corps qu'elle lave à outrance, son regard dur et inquiet, ses tirades folles qui oscillent entre poésie argotique et logorrhée névrotique. Badia se bat pour éviter de tomber, "tomber d'elle-même" comme elle le dit. Le couple qu'elle forme avec Imane la douce devient vite quatuor et le danger grandit comme le butin que ces quatre filles convoitent. Avoir vingt ans à Tanger en 2012, qu'est-ce que cela donne ? Oubliez les clichés et plongez dans ces vies incandescentes, brutes et rebelles.