Quel plaisir de voir que même les Echos titrent ce matin : Retraites, le mouvement se durcit. Pas de doute, l'affrontement est là et si certains s'en félicitent, d'autres se trompent vite d'ennemi.

Car plutôt que de critiquer les grévistes, qui portent le mouvement en le généralisant, mieux vaut s'organiser et trouver des solutions aux problèmes concrets que pose la lutte collective. Dans une société aussi individualisée que la nôtre, chacun se replie sur les difficultés qu'il rencontre pour brandir l'insulte suprême : "je suis pris en otage". Et oui nous faisons partie d'une collectivité, et en ce sens nous dépendons de son bon fonctionnement. Ainsi si les dames de cantine payées 1 000 euros par mois font grève dans la maternelle de votre enfant (ce qui leur fera perdre une partie de leur salaire), c'est qu'elles souhaitent signaler un dysfonctionnement grave de notre communauté. Leur jeter la pierre en réclamant le service minimum cher au président actuel, c'est cracher sur l'idée du collectif et se jeter à la gueule le point de vue cynique : "chacun sa merde."

Bien au contraire, saisissons l'occasion d'échanger et de trouver des solutions aux contradictions qui menacent notre société : que ceux qui viennent chercher leur enfant pour déjeuner se chargent de ceux dont les parents sont coincés par la grève. Etc, etc.. Résistons ensemble au gouvernement pour le faire reculer.

Car désormais non seulement il faut le faire battre en retraite sur sa réforme mais aussi montrer aux jeunes qui se joignent à la protestation qu'ils ont raison de croire en une solidarité entre générations et en l'engagement dans la politique comme source de progrès : c'est le moment pour chacun de faire preuve d'ouverture et de force.