Les Français ont élu M. Sarkozy président il y a moins d'un mois. Le réveil a été douloureux pour la moitié d'entre eux, qui avait attendu l'alternance et compté sur la candidature Royal pour faire perdre la droite. Stupeur, craintes, tremblements... La visite d'adoubement à Bolloré qui contrôle studios de télé, institut de sondage, torchons gratuits pour diversifier son portefeuille d'armes africaines froisse les esprits, puis, plus rien : la douce brise médiatique a monté peu à peu et nous a amenés d'une position de résistance revendiquée à des doutes enivrants. Et si nous avions enfin dénicher un bon président ? Et s'il était sincère et choisissait parmi les politiques les meilleurs de ses pairs, sans écarter la gauche ? Et si la droite nous amenait vers la richesse, l'opulence, la saine gestion et la fierté ? Comme portés par ce rêve les mêmes instituts de sondages nous annoncent déjà que l'UMP détiendra bientôt plus de quatre cents sièges sur les 577 que compte l'assemblée...
Au secours, au réveil, à l'aide ! Dimanche à l'occasion des élections législatives rétablissons le bon sens et la prudence et organisons une saine répartition des pouvoirs qui permettra de contrôler ce que fera ce nouveau président. Si certes obtenir la majorité permet de gouverner avec facilité, seule la présence à l'assemblée d'une opposition solide est garante du bon fonctionnement des institutions et de la réelle information des citoyens sur la politique menée. N'écoutons pas la flute enchantée : quand la mélodie cessera, c'est bien la peste qui régnera dans notre pays.