Voici qu'enfin me vient le temps d'écrire un billet et le sujet s'impose : qu'a fait Sarkozy depuis son accession à la Présidence ? Durant ces quatre mois j'ai écouté sans mot dire, les projets de lois, les décrets, les commentaires, les critiques, en me promettant de faire une liste, bien sûr non exhaustive, de ce qui avait été réalisé afin d'éviter l'amnésie, afin que nous connaissions dans cinq ans l'ampleur de ce qui avait été détruit. Pour ce faire, j'ai puisé les citations suivantes sur le site du Premier ministre. J'ai retenu plusieurs éléments :
  • la mobilisation pour la protection de l’environnement : le "Grenelle" de l'environnement aboutira-t-il à des mesures concrètes en faveur d'e l'écologie ? Rien n'est moins sûr si l'on en croit certaines ONG qui y participent ;
  • le projet de loi sur le dialogue social et la continuité du service public dans les transports terrestres réguliers de voyageurs : entraver le droit de grève, il fallait oser, c'est fait et personne ne bronche ;
  • "à partir du 1er octobre 2007, la rémunération des heures supplémentaires - et aussi des heures complémentaires, pour les travailleurs à temps partiel - est exonérée d’impôt et de cotisations salariales." Encore une mesure audacieuse : non seulement l'Etat se prive d'un manque à gagner substantiel, mais les cotisations sociales sont présentées comme un plus inutile, dont il faut se débarrasser. Qui rappelle que ces cotisations correspondent à l'assurance pour les travailleurs de survivre en cas de maladie, accident du travail, maternité, chômage, retraite ? Il est ensuite facile de crier au déficit de ces caisses quand on les prive de leurs financements ;
  • la réforme de la carte judiciaire : alors que le budget de la Justice est un des plus faibles d'Europe, voilà qu'il faut encore faire des économies. On "réforme" la géographie des tribunaux, ce qui signifie par exemple qu'en Gironde, sont supprimés les tribunaux d'instance de Bazas, Blaye, La Réole et Lesparre tandis que Blaye perd également son tribunal de commerce. Le problème n'est pas de changer l'existant mais de modifier une réalité dans un mauvais sens : concentration plutôt que décentralisation, raréfication des services publics qui entraîne leur invisibilité voire leur inaccessibilité... ;
  • "On appelle "TVA sociale" la mesure qui consiste à compenser une réduction des cotisations sociales par une hausse de la TVA" : voilà qui est clair ! Cette mesure est encore en gestation...;
  • le bouclier fiscal : "le montant des impositions directes est plafonné, pour chaque contribuable, à 50% de son revenu. Ce chiffre intègre la CSG (Contribution sociale généralisée) et la CRDS (Contribution au remboursement de la dette sociale). Entièrement prise en charge par l’Etat, cette mesure a pour but de stimuler l’attractivité de la France et d’inciter au retour les personnes ayant les moyens d’investir." Je traduis si vraiment c'est nécessaire : baissons les impôts pour que les riches ne s'enfuient pas. Cette logique omet le fait que la richesse est toujours relative, et qu'il y a toujours plus riche que vous. A partir de là, vouloir ou non se soustraire aux impôts ne dépend pas de la somme prélevée mais d'une considération politique quant à la légitimité des prélèvements obligatoires ;
  • le projet de loi de financement de la Sécurité sociale : "Après l'Agence centrale des organismes de Sécurité sociale (Acoss), lundi, et la CNAF (allocations familiales), hier, le conseil de l'assurance-vieillesse (CNAV) et celui de l'assurance-maladie (CNAM) se sont prononcés contre le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2008. CFDT, CGT et FO ont voté contre à chaque fois.", dixit les Echos du 4 octobre 2007. Ce refus unanime en dit long sur le projet... ;
  • "La carte scolaire consiste en l’affectation d’un élève dans un établissement correspondant à son lieu de résidence. Jugée inadaptée aux besoins des élèves d’aujourd’hui, sa disparition progressive a été amorcée dès juin dernier" : toujours le même mouvement de suppression des règlements qui encadrent, au profit de ceux qui visent stratégiquement les meilleurs établissements pour leurs enfants. La France qui gagne, au mépris de celle qui perd ;
  • l'amendement du député Thierry Mariani au projet de loi Immigration : le meilleur pour la fin, symptomatique de l'idéologie réactionnaire et raciste qui se développe en France. Quand les populations les plus faibles sont attaquées, les droits de tous sont menacés. Or, la chasse aux immigrés continue comme le rappelle tragiquement le site de RESF : les centres de rétention sont désormais ouverts aux enfants ! De nombreuses personnes reconduites dans leurs pays y sont exécutées. Il faut dans le même temps avaler la récupération d'un Guy Moquet par un gouvernement qui craint certainement que le concept de résistance et ses incarnations historiques ne servent d'exemple et de modèle aux citoyens du temps présent. Car oui il faut résister à la haine de l'autre, à l'exclusion des pauvres, à la dénonciation des sans-papiers, à la pratique des tests ADN ! Cela vous semble évident ? Craignons que l'invitation lancée par le gouvernement et son chef, relayée à longueur de journée par la majorité des médias du pays ne soit suivie par nos compatriotes, toujours prompts à critiquer les autres sans songer qu'eux-mêmes vivent aux côtés d'hommes subissant de tragiques injustices et dont ils sont par leur indifférence et leur complicité idéologique les placides bourreaux.
A suivre dès demain avec les "décisions" concernant l'environnement...!