Les événements se mêlent et forment une image fulgurante : cette semaine, de ma province, je me suis promenée en pensée dans Paris, dans ces endroits que je connais par cœur : rue des Pyrénées, rue de Turbigo, Place du Châtelet, Esplanade de la défense. Dans les unes on incendiait l'abri de familles ou la rédaction d'un journal,  dans les autres on manifestait, pour Jésus-Christ ou pour les 99% de la population mondiale qui ne font pas partie des 1% "les plus".

Du feu, des cris, les pauvres jetés à la rue, la presse et le théâtre sommés de se taire, et en face, encore à l'heure qu'il est, des indigné-e-s qui jouent aux David devant les Goliath de la Défense.

Il faut ajouter à ce spectacle la stupeur ressentie en entendant les commentaires de la proposition de référendum en Grèce. "Évidemment, évidemment, a t-on répété, les marchés ne supportent pas l'idée que les Grecs puissent donner leur avis sur le régime qui leur est imposé." Ils auraient dit non, ils disent non : ils auraient pu dire "stop, on ne joue plus. On arrête." Quelle folie ! Dans quel enfer se seraient-ils jetés ? Tout sauf l'autodétermination des peuples, voilà le message du coup de théâtre de Papandréou. Prêts à tout pour que continuent la ronde des politiques que la foule insulte dans les rues d'Athènes, les ajustements structurels qui réduisent les pensions des handicapés, l'achat d'armes à l'étranger qui fait de la Grèce le premier consommateur européen... Etc. 

On remet de l'essence dans le moteur et on redémarre.

On envoie les CRS : pour les Roms, pour Charlie Hebdo, pour la pièce de Romeo Castelluci, pour #Occupy Wall Street et la Défense.

Expulsions, xénophobie, extrémisme religieux, anarcho-capitalisme : à la violence répond la violence.

Un référendum ? De quoi parlons-nous ? Celui de 2005 a été piétiné. 

Alors quoi ? Ah oui, aujourd’hui aussi, se déroulait aussi une manifestation contre les violences faites aux femmes. Le débat sur le viol a été ré ouvert récemment, certes. Il a jeté la lumière sur des pratiques banales chez les 1%  : l'affaire du Carlton de Lille, Dodo la Saumure et les chambres "avec colis".  

Reprendre la parole. individuellement, publiquement. C'est la réponse que constitue la pancarte. "Je suis tellement énervée que j'écris une pancarte" peut-on lire chez les 99 %, ici comme aux USA. C'est déjà un début. 

NB : une petite collection de pancartes ainsi qu'une analyse du traitement par les médias du mouvement #Occupy Wall Street sur Acrimed.