La pénombre baigne la silhouette de Marie Ndiaye, comme recroquevillée autour de ses pages.Y penser sans cesse : un texte répété, scandé, affiché jusqu’à ce qu’il résonne en nous avec force. Die Dichte, création de la compagnie Translation à l’Escale du livre de Bordeaux, évoque la coexistence d’une mère, de son enfant et d’une « vieille âme », agrippée à eux. Les nouveaux habitants de la maison jaune berlinoise d’où sortit jadis une famille juive pour un voyage funeste vers la mort. Août 1943 – août 2008 : Marie Ndiaye démontre à nouveau sa sensibilité aux lieux, qui respirent malaises, complots, qui rejouent à travers le temps les destins qui se croisent. Destins mêlés que ceux de l’écrivaine, lauréate du Prix Goncourt en 2009, qui a quitté la France et son « atmosphère de flicage, de vulgarité » en 2007, pour rejoindre une Allemagne d’adoption où les enfants jouent au jardin public sans rien porter de la tragédie qui frappa l’Europe il y a 70 ans. Soutenu par les riffs de guitare et la voix puissante du saxophone de F. Cazaux et S. Capazza, les mots de Marie Ndiaye semblent toutefois dilués par les images lancinantes projetées en fond de scène. Peu importe : nous n’avons pas tous les jours la joie d’entendre une véritable poétesse. 

 

 

28 avril au théâtre du Rond-Point à Paris, 3 mai à Boulazac, 4 mai à Dax, 19 mai à Pessac...