Être underground aura toujours été mon destin-grandiose.

Moi, Atrée, survivant de Tantale, qui dévora ses enfants en l'honneur des Dieux.

Moi qui, dans un souterrain et les pierres monumentales cherche un exutoire à ma fureur.

Moi qui, tyran de Mycène, chassait dans des chars légers des lions et qui fut un protecteur féroce et sanglant de son peuple, moi, mort à mon tour et admis dans l'Olympe, et spectateurs du supplice post-mortem de mon père sacrilège, moi, Atrée, je gis dans un tumulus lourd cerné de bloc mégalithiques dans le creux de la terre semi-aride de cette contrée de la Grèce. Je me suis battu d'aussi loin que porte ma mémoire, et ma lignée, les Atrides, se battrons aussi loin que la mémoire porte. Nous nous battons, même morts et recouverts d'un masque d'or, immortalisés par les aèdes et transcrits par Homère, notre foudre  sacrilège ensanglantera les récits mythologiques d'horreur et de fracas.

Moi, Atrée, qui observe l'immolation d'Iphigénie sa fille par Agamemnon en prévision de la campagne rude de Troie, puis le meurtre d'Agamemnon par Clytemnestre son épouse, femme aux passions violentes, et encore l'assassinat, qui confine au suicide, si personnel, si impensable car matricide d'Oreste sur Clytemnestre. Grinçons des dents en scrutant les noirs desseins des personnages tragiques, qui vivent et meurent pour la violence. Dans mon souterrain, à peine assez frais pour contenir ma rage, j'éructe de ma voix d'outre-tombe : « Fallait-il en venir jusque là pour inventer la tragédie ? ».

Moi, Atrée, cœur bouillant dans les entrailles de la Terre, il m'est impossible de me calmer. Après trois millénaires de repos et l'exhumation de mon caveau, une bouche démesurée hurle encore par ma voix sur les collines du Péloponnèse et dans les théâtres.