Notre mer, qui n'es pas au ciel et qui embrasse les confins de l'île et du monde, béni soit ton sel, bénis soient tes fonds. Accueille les bateaux surbondés sans une route sur tes vagues, pêcheurs sortis dans la nuit, leurs filets parmi tes créatures, qui reviennent le matin avec la pêche des naufragés sauvés.


Notre mer qui n'es pas au ciel, à l'aube tu as la couleur du blé, au couchant du raisin de la vendange. Nous t'avons semée de noyés plus que tout autre âge de tempêtes.


Notre mer qui n'es pas au ciel, tu es plus juste que la terre ferme même quand tu élèves des vagues comme des murs puis les abaisses en tapis. Garde les vies, les vies tombées comme des feuilles dans l'allée, sois pour elles un automne, une caresse, une étreinte, un baiser au front, une mère, un père avant le départ.