Déjà conquise,  la foule se pressait hier soir au Cinéma d'animation de Bègles, pour découvrir Les Contes de la Nuit, nouvel opus de Michel Ocelot, dont la présence était annoncée (il est le parrain du cinéma le Festival). Dans la file d'attente, sous une pluie légère, nous avons vu arriver un petit homme, qui nous a dit : "mais pourquoi allez-vous voir des bandes de papier noir découpées ? " !

C'est qu'avant de devenir "presque riche et célèbre", Michel Ocelot a dû en entendre des remarques de ce type, à l'époque où il utilisait le théâtre d'ombre parce que c'était le procédé le moins cher pour faire du cinéma d'animation. Princes et princesses en 1998 n'a pas fait salle comble et pourtant c'est le digne petit frère des Contes de la nuit qui vient de sortir au cinéma.  Mais entre temps le petit Kirikou a ébloui le monde entier et éclairé le grand talent de son conteur : un "mangeur de contes" comme il nous l'a dit. Car son premier champ d'inspiration, c'est lui-même, "son bon plaisir" : il tire des histoires écrites ici ou là des éléments qui le touchent et, avec ces trésors, il concocte une fable, un récit. Les héros tout plats, tout noirs, se découpent sur un univers éblouissant de couleurs et de magie. Et la morale de l'histoire se teinte d'un humour délicat et stimulant : la princesse aime quand le prince se fait loup, le héros préfère sa liberté au pouvoir sur un royaume de morts...

Loin de suppléer à notre imaginaire ("notre cerveau aime bien travailler", a expliqué Michel Ocelot) la 3D ajoute cette fois de l'irréel aux dessins : les étoiles de la fée des Caresses semblent véritablement flotter autour de nous... Et si le film plaira intensément aux enfants c'est bien à partir de six ans qu'il faut les y conduire : loups, iguanes et autres créatures sont trop impressionnants pour les plus petits.

Bientôt nous a confié Michel Ocelot, Kirikou reviendra nous raconter ses souvenirs d'enfance. En attendant, je vous invite, sous cette pluie légère, à aller rencontrer ce petit homme dont l'âme est grande.