Alors que les scandales politico-médiatico-fnanciers éclaboussent ministres et Président, il est bon de rappeler que l'Etat français n'est pas soudainement tombé dans une terrible corruption, phénomène qui le gangrène un peu depuis toujours, quels que soient les gouvernements en place : le caractère nouveau, et particulièrement grave de la politique de Nicolas Sarkozy est qu'elle est fondée, qu'elle est motivée par le soutien aux grandes fortunes de ce pays. Le programme est clair et se déploie depuis l'arrivée au pouvoir de l'ami des Bolloré-Bouygues-Bétancourt... : saccager la société dans ce qu'elle possède de plus intime, (son droit du travail, son système de retraite et de sécurité sociale, l'organisation de son université, ses programmes scolaires, sa cartographie judiciaire, hospitalière, électorale, ses liens avec les populations étrangères, le traitement de la folie et des prisonniers...)  afin de livrer sa population, nue, à l'arbitraire du pouvoir et au droit du plus fort. Bref, le retour au système capitaliste ultra libéré.

Dans nos Chroniques d'un détournement (mars-avril 2008, janvier-février 2008, novembre-décembre 2007, Une rentrée dans l'opposition) nous avions commencé la longue liste des dommages que le nouveau Président ne manquerait pas d'infliger à notre pays. Dans tous les domaines qui structurent nos vies (santé, éducation, formation, culture, alimentation, emploi, impôts, Justice, Immigration, etc.) la politique du gouvernement a été désastreuse. C'est le sens de l'Appel des appels:

Nous, professionnels du soin, du travail social, de la justice, de l’éducation, de la recherche, de l’information, de la culture et de tous les secteurs dédiés au bien public, avons décidé de nous constituer en collectif national pour résister à la destruction volontaire et systématique de tout ce qui tisse le lien social.

Le but est de supprimer les créations portées par le conseil national de la résistance en 1945 (Sécurité sociale, Retraite par répartition, Nationalisation du gaz et de l'électricité...). Pour chaque coup porté à la société, le gagnant est visible : 

  • qui veut la peau de l'Assurance maladie ? Frédéric Van Roekeghem, son DG est justement ancien directeur d'audit d'AXA.
  • qui louche sur le système de retraite par répartition ? Guillaume Sarkozy, frère de Nicolas dirige justement le groupe Médéric...
Habitués au détournement du langage, les dirigeants souhaitent abolir les "privilèges"  des Européens ( les Grecs sont les premiers à être mis en avant de cette façon ) afin de niveler la masse des travailleurs au niveau de leurs congénères du Tiers-monde.
Car pendant qu'on nous endort à coup de soldes ahurissantes (comment comprendre qu'un objet puisse perdre d'un jour à  l'autre 70 % de sa valeur ? De quelle valeur parle t-on ?), nos esclaves orientaux tentent de se faire entendre ; après les premières grèves chinoises, voici que les cinq millions d'enfants du Bangladesh qui travaillent pour H&M, Gap, LéviStrauss ou Carrefour n'ont droit qu'aux coups de matraques de la police. Les revendications reprises par Le Monde sont pourtant dérisoires :

Les ouvriers exigent un salaire d'au moins 5 000 takas (60 euros) par mois ; l'actuel salaire minimum, fixé en 2006, n'est que de 2 000 takas.

Dans un tel contexte constater qu'il reste encore deux ans à Nicolas Sarkozy pour "achever" son programme est à la fois inquiétant (des dizaines de milliers de personnes, de familles, vont notamment encore être expulsés de ce pays manu militari) et encourageant : il nous faut résister sur les points qui ne sont pas acquis, mettre notre pied en travers du dossier des retraites, par exemple, pour qu'il ne se referme pas. Et écraser en passant, d'un bon coup de talon, la main de celui qui l'a rédigé.