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Nouvelle Anthologie du Grand Inquisiteur

Comme son nom l’indique, cette Nouvelle Anthologie du Grand Inquisiteur présente un choix de textes relatifs à la légende du Grand Inquisiteur, telle qu’elle apparaît dans le roman de Dostoïevski, Les Frères Karamazov. Trois d’entre eux sont donnés en version intégrale :

  • Bernard Charbonneau, Un Satan chrétien. La Parabole du Grand Inquisiteur de Dostoïevski (Tiré de Quatre témoins de la liberté : Rousseau, Montaigne, Berdiaev, Dostoïevski, vers 1990, Ed. R&N, 2019) ;
  • Jean Brun, La passion de la nuit et la loi du jour, paru dans les Cahiers du Sud, oct. 1965 ;
  • Jacques Ellul, L’amour et l’ordre, publié dans les Cahiers du sud, oct. 1965 et repris dans La Trahison de l’Occident, 1975.

Les autres font l’objet d’une présentation analytique dans une introduction destinée à faire apparaître toute l’ampleur, la complexité et la profondeur des questions posées et provoquées par le texte de Dostoïevski, qui est lui aussi reproduit dans son intégralité avec quelques autres textes qui peuvent lui être comparés ou le préfigurer : Victor Hugo, Villiers de l’Isle Adam. Léon Bloy, Charles Péguy, Léon Chestov.

Les textes sont suivis d’une interprétation destinée à questionner les temps présente en deux temps : un point de vue philosophique nourri des pensées d'Ivan Illich, Sigmund Freud, Jacques Lacan, René Girard... et d'une post-face axé sur les questions théologiques reprenant des extraits de Nietzsche et Kierkegaard dans une perspective proche de Giorgio Agamben interrogeant la démission de Benoit XVI.

Un ouvrage signé Florence Louis et Edouard Schaelchli.

Rencontre le 11 février à 18h30 à la Machine à lire à Bordeaux !

Dans la presse : un article dans Marianne, 7 juin 2022, La liberté, une malédiction ? On a lu la "Nouvelle anthologie du GI", par Mathieu Giroux

Pris dans la nasse : de la privation des libertés à la déchéance des droits


« La politique totalitaire s'anéantit dans les contingences. Comme dans le monde en crise les situations se modifient rapidement, elle se caractérise par une « tactique » perpétuellement changeante. ; de brusques demi-tours préparés dans le secret dictatorial. »
                                              Bernard Charbonneau, L'Etat, R&N p. 368

Le sentiment d'être pris dans une nasse qui se resserre sans cesse depuis le 17 mars 2020 atteint aujourd'hui un point de non-retour : être menacé par Emmanuel Macron d'être déchu du statut de citoyen. Ce point culminant sera nous l'espérons le début d'une désescalade pour un retour à une démocratie fondée sur l'équilibre des pouvoirs, comme le montre les réactions de certains députés à l'assemblée nationale. Dans le cas contraire, soyons tous conscients que nous nous soumettrons alors au grand jour à un fonctionnement politique totalitaire et fascisant. L’inquiétant est que ce fonctionnement s'est peu à peu imposé, en différentes étapes, dans le silence débilitant des médias grand public.

Une « puissante méthodologie », explique le Dr. A., s'abat depuis quelques années sur ceux qui, préférant l'homéopathie, la naturopathie, tout simplement les médecines alternatives aux chevaux de Troie de l'allopathie ; ceux-ci ont « tout naturellement » , mais non sans réflexion, pris leurs distances avec un vaccin présenté depuis le début de l'épidémie de Covid comme le miracle duquel tout attendre. Cette homéopathe, médecin qui rappelons-le est titulaire du même diplôme que les autres, et dont nous taisons le nom pour lui éviter d'être exclue des rangs de ses pairs, a d'abord vu dérembourser les remèdes qui lui permettaient depuis trente-cinq ans de soigner les maux de ses patients, pas tous, certes, l'angine et pas le cancer, la dépression et pas le VIH, mais une bonne panoplie si l'on en croit l'affluence dans son cabinet. Sa pratique médicale éloignée de la grosse industrie permet aussi de prévenir les maladies et d'éviter ainsi de se soigner une fois le mal installé, ce qui limite évidemment la fréquentation des hôpitaux, nous y reviendrons.
A l'heure du Covid, tout un arsenal de mesures a fini par contraindre ces mêmes personnes à quitter leur travail si leur emploi était soumis à l'obligation vaccinale, ou à effectuer régulièrement des tests censés prouver qu'elles n'étaient pas « malades ». Infirmiers, aide-soignants, pompiers, artistes, intervenants en bibliothèques, auteurs, cafetiers, animateurs, etc. se sont ainsi retrouvés bloqués dans ce qui constituait jusque-là leur vie professionnelle, alors que les vaccinés pour leur part, malgré leur capacité à transmettre le virus, pouvaient vaquer sans difficulté à leurs activités. Rappelons que sans exception tous pouvaient affluer sans limites dans les centres commerciaux.

Selon cette stratégie méthodologique, le gouvernement avait eu soin d'afficher une date de fin du passe sanitaire : le 15 novembre. Ces tests, encore gratuits en août, sont devenus payants en octobre (34 euros pour un PCR salivaire sur prescription médicale pour 72 heures de sésame, soit 0,5 euros de l'heure...). Puis le passe sanitaire a été prolongé en juillet 2022, et depuis décembre, les tests sont devenus payants pour 24 heures de validité (soit 1 euro de l'heure pour un test passé en pharmacie puisque les test en labo nécessitent au moins 12 heures de délai pour obtenir le résultat et sont donc inutilisables ! ). Qui pourrait se payer 528 euros de test par mois pour aller travailler ? Qui s'interroge sur le gâchis que représente, après les masques et les vaccins, cette nouvelle manne d'argent qu'engrangent pharmacies et labo ? Dans les médias mainstream, aucun émoi, aucune analyse, à peine une annonce, alors que ce resserrement dans la nasse figurait pour beaucoup une nouvelle catastrophe, absurde et délétère. L’arbitraire du pouvoir montrait son vrai visage : une stratégie d'écrasement de ceux qui ne se soumettaient pas à une injonction vaccinale pourtant inefficace. « Toujours pas » aurait dit la voix de son maître.

L'annonce de la transformation du passe sanitaire en passe vaccinal, acquise dans tous les discours alors même que le vote au parlement n'était pas commencé, a ravivé le désarroi des personnes qui ne veulent pas se faire vacciner : de nouvelles exclusions, de nouveaux interdits, alors même qu'aucune logique véritable ne justifie une telle chasse aux sorcières : le gouvernement est revenu sur toutes les affirmations qui ont ponctué sa sinistre comédie. La couverture vaccinale de 80 % de la population attendue n'est-elle pas atteinte ? Les 12/18 ans ne devaient-ils pas être exempts de toute injonction vaccinale ? L'obligation vaccinale n'était-elle pas exclue ?

De quoi s'agit-il de la part des personnes que ne se vaccinent pas ? D'une coquetterie ? D'un caprice ? D'une bêtise crasse largement plus répandue chez les moins diplômés (ne parlons pas des Antillais : la condescendance avec laquelle on parle de leur « frilosité » face aux vaccins est tout simplement ignoble) ? Notre corps, c'est nous-mêmes, répètent les féministes. Ces hommes et ces femmes qui refusent de se soumettre (et de soumettre leurs enfants) à cette vaccination dernier cri considèrent qu'ils sont dans leur droit car le vaccin contre le Covid ne protège absolument ni de la transmission, ni de la maladie, quelles que soient les courbes statistiques mises en avant à propos des formes graves ou du Covid long, pour détourner la question du cœur du problème. Notons comment le gouvernement joue avec les chiffres : longtemps les services de réanimation accueillaient disait-on « 80% de non-vaccinés». Depuis deux jours voilà qu'un nouveau chiffre, plus frappant, est sorti du chapeau, brandi comme un trophée : 1 pour 20. Quoiqu'il en soit, avec masque, avec vaccin, avec test, avec passe, le virus court toujours.
S'il s'agit de ne pas encombrer les hôpitaux, sont-ce les non-vaccinés qui sont responsables du marasme hospitalier ou plutôt le gouvernement qui ferme les lits ? Les personnes qui refusent le vaccin contre le Covid 19 sont précisément, par leur méfiance envers l'industrie pharmaceutique et l'interventionnisme médical, ceux qui ont le moins recours aux offres des professionnels de santé.
Les accuser de prendre la place des autres dans les hôpitaux est tout simplement une aberration. Ce sont plutôt eux qui militent depuis le début pour l'accès à des traitements préventifs du Covid, b-a-ba de la médecine, rejeté avec opiniâtreté par les gouvernants comme non efficaces, préférant ne pas soigner les malades jusqu'à ce qu'ils finissent pour les cas les plus graves, en réanimation. Il n'existe aucun consensus scientifique sur la maladie, sa prévention et son traitement et les autorités médicales qui pourraient porter un tel consensus (comme l'OMS) ont perdu toute légitimité à force d'opportunisme et de compromission, notamment avec les laboratoires (voir à titre d'exemple paradigmatique le scandale des opiacés aux Etats-Unis).

De surcroît, la politique n'est pas du ressort de la science et ne serait être confiée au pilotage d'experts. L'humanité n'est pas un troupeau qu'il faut gérer, un « parc humain » à optimiser. C'est cette vision qui anime Emmanuel Macron quand il dit qu'il va « emmerder les non-vaccinés » : la résistance politique n'est vue que comme un emmerdement auquel il faut répondre de la même manière, un dysfonctionnement dans le système social qu'il faut à tout prix supprimer. Ce qui choque dans cette prise de parole c'est que ces quelques millions de Français qui dérangent ne devraient pas être réduits à un dysfonctionnement car ce sont des citoyens, des personnes dotées de liberté et de dignité, au même titre que les autres. A moins qu'il ne s'agisse de criminels ? Ou mieux,de terroristes ? C'est ce glissement qui tend à justifier l’injustifiable : la privation des droits.

Ces citoyens qui ne se soumettent pas à l'allopathie à tout prix refusent d'avoir honte des principes profonds que les animent : et si le symbole funeste de l'étoile jaune a été convoqué dès le début de la mise en place du passe sanitaire par les manifestants, c'est parce qu'historiquement ce signe symptomatique ne signifiait pas l'envoi en camp d'extermination mais la discrimination d'une partie  de la population... (et même, rappelons-le la déchéance de nationalité). Or, dans les faits, c'est bien le travail, l'accès à l'espace public, au transport, sans parler des cinémas ou des théâtres... qui font l’objet d'une interdiction pour ceux qui ne sont pas vaccinés. Le passe vaccinal, ce nouveau resserrement, signifierait l'exclusion pure et simple d'une partie des Français de l'existence sociale.

Le silence des bien-pensants démontre leur soumission voire leur compromission avec un système économico-politique dont l'unique boussole est le développement technologique générateur de profits. Que ce développement entraîne, dans un même mouvement, la montée en puissance du système grâce aux nouvelles technologies et le déferlement du chaos sur la terre (du point de vue du climat, de la stérilité des sols, de l'extinction de la biodiversité, de l'intensification d'une extraction minière ultra-polluante... et, ce qui est certainement le plus dangereux, de l'incapacité des hommes à faire monde), que ce développement par sa croissance incessante entraîne l'humanité dans une ruine, dont le Covid 19 n'est qu'un des aspects les plus symptomatiques, ne semble pas remettre en cause le prêchi-prêcha solutionniste qui préside à l'ensemble des décisions qui vont toujours, imperturbablement, dans une dépendance toujours plus accrue à ce même système.

La nasse se resserrait sur les non-vaccinés : les bonnes gens détournaient le regard voire approuvaient avec un certain dédain. Avec cette menace fascisante d'exclure des millions de Français de la citoyenneté, l'heure est historique : combien ne veulent pas voir que toute l'humanité est prise dans cette nasse qui mêle technologies, médecine industrielle et pouvoir politique, pieuvre dont la puissance de contrôle et de traçage a été démultipliée au cours des deux dernières années.
Les personnes non-vaccinées, et au-delà toutes celles, vaccinées ou non, qui refusent le passe sanitaire essaient simplement d'y résister, et même d'en sortir.
Français, encore un effort ou vous ne serez plus du tout républicains.

Contribution au débat qu'on nous refuse


Par Florence Louis et Edouard Schaelchli
A Martine Wonner, députée de tous les exclus, elle-même exclue de tout groupe parlementaire.

Au préalable.

Refuser de se faire vacciner est un droit. Refuser le passe sanitaire est un devoir. De la
même façon qu'on attenterait évidemment à la dignité d'un homme en le forçant à boire, ne serait-ce qu'un verre d'eau, il n'est pas pensable d'obliger quelqu'un à se laisser enfoncer une aiguille dans le bras, si on ne l'a pas convaincu auparavant de la nécessité de le faire. Quelles que soient les raisons qui motivent son refus, elles font corps avec l'idée qu'il se fait de sa dignité, et il n'appartient à personne d'en juger de l'extérieur. Tout au plus peut-on, ou doit-on, l'avertir qu'en ne le faisant pas, il peut s'exposer au risque de contracter une maladie qui, ensuite, l'empêcherait de jouir pleinement de la vie et rendrait éventuellement son contact dangereux pour d'autres dont il serait alors nécessaire de le séparer provisoirement.
A partir du moment où ce droit élémentaire, qui est d'ailleurs le corollaire du droit à la
vaccination (qu'on ne saurait évidemment accorder à personne sans l'accorder aussitôt à tous), se trouve contesté par une réglementation qui prétendrait subordonner tous les droits inhérents à la vie en société à une obligation de ce type, le devoir s'impose à tous ceux qui n'admettent pas qu'on attente à la dignité de l'homme de refuser de bénéficier des avantages qui pourraient résulter de ou être conditionnée par l'acceptation du vaccin en question. Il ne s'agit ici nullement d'une question sanitaire, mais d'une question morale.

Considérations politiques.

Quant tout le monde se laisse emporter sans réfléchir par ce que font et croient les autres, ceux qui pensent sont obligé de sortir de leur trou, car le refus d'entrer dans la danse est flagrant et se transforme en une espèce d'action. Hannah Arendt

Là où les opinions irraisonnées tiennent lieu d'idées, la force peut tout". Simone Weil

« Nous avons inventé le bonheur », - disent les derniers hommes, et ils clignent de l'oeil. Friedrich Nietzsche

Alors que le processus de déchirement de la société française est en passe de rendre impossible tout dialogue, dans les familles, les cafés et les cantines, il devient courant d'entendre discriminer les deux camps, vaccinés contre non vaccinés, à l'aide du critère de l'intelligence. Les premiers, prudents, solidaires et civiques, traduiraient par leur état vaccinal une grande clairvoyance que leur conférerait leur position sociale, leurs diplômes, leur proximité avec le pouvoir technicoscientifique, ou plus simplement leur obéissance prompte. Les autres, les non-vaccinés, assimilés à des anti-vaccins (comme tout critique des Lumières se voit taxé d'être un anti-Lumières), seraient des ignares, des « cons », des complotistes voire présenteraient des troubles paranoïaques relevant de la psychiatrie. Mais quelle est donc cette intelligence qui permettrait à certains de tendre le bras dans un geste de confiance aveugle ? Gageons que deux tendances semblent se distinguer : l'usage de la raison et l'aveuglement.

Il y aurait d'une part ceux qui s'adonnent à la rationalité instrumentale qui réduit la raison au calcul, à la recherche de l'efficacité, au pur déterminisme, à cette manière d'ignorer tout absolu autre que la vérité scientifique (pourtant provisoire par définition), de piétiner tout principe de pluralité des opinions (pourtant socle du monde commun), d'user de tous les moyens à disposition sans qu'aucune limite à l'action ne soit fondée. Et alors il faudrait « vacciner le monde », parce qu'on croit « à la raison et au progrès », quoi qu'il en coûte.

Il y aurait d'autre part ceux qui ne revendiquent rien de tel et qui auraient l'intelligence de se faire vacciner comme s'ils jouissaient d'une lampe torche en guise de discernement : cette lumière artificielle dont nous ne connaissons que trop la source – les projecteurs médiatiques étant constamment orientés vers les mêmes faits, leur puissance d'éblouissement plonge le reste de la réalité dans une obscurité profonde, comme les lumières électriques romaines font disparaître les lucioles – , cette lumière artificielle est alimentée par une propagande ininterrompue qui invalide toute possibilité de voir réellement clair. Une telle intelligence reviendrait en somme à un pur aveuglement.
Car, pour voir clair, il est nécessaire de penser. La pensée, écrit Hannah Arendt, « conçue comme un besoin naturel de la vie (...) n'est pas la prérogative d'une minorité, mais une faculté constamment présente en chacun de nous ; de plus, l'incapacité de penser n'est pas le défaut des légions de gens qui manquent d'intelligence, mais une possibilité qui sans arrêt, guette tout un chacun – y compris les hommes des laboratoires, les érudits et autres spécialistes de l’équipée mentale. (…) Les hommes qui ne pensent pas sont comme des somnambules1. »
Or, en temps de catastrophe (au sens premier de fin, de dénouement), s'abstenir de penser c'est ne plus distinguer le bien du mal, c'est s'en remettre à l'Etat et par là même accepter qu'il prenne en charge toutes les dimensions de nos existences. C'est précisément la définition du totalitarisme tel que Lefort, Aron et Arendt l'ont mise en évidence. Si le corps social n'a plus d'autonomie, si le seul acteur légitime est l'Etat, alors ce dernier tient les citoyens sous les tentacules du pouvoir. Ne disposant plus des conditions politiques nécessaires à la citoyenneté, ils deviennent une masse.
S'interrogeant sur le concept de distanciation sociale, Giorgio Agamben nous a mis en garde dès le début de l'épidémie de covid : « Il est important de ne pas perdre de vue qu'une communauté fondée sur la distanciation sociale n'aurait rien à voir, comme on pourrait le croire ingénument, avec un individualisme poussé à l'extrême : elle serait, tout au contraire, comme celle que nous avons aujourd’hui sous les yeux, une masse dilatée et fondée sur une interdiction, mais justement à cause de cela, particulièrement compacte et passive.2 »
Une masse d'individus réunis par l'interdiction de refuser le vaccin contre le covid 19, sensibles à la propagande parce que partageant un centre d'intérêt ultime, la santé, salud, (cette préoccupation qui a remplacé chez nos contemporains la recherche du salut, salud, rappelait Ivan Illich) s'oppose donc de toute la force de sa soumission au chef qu'elle s'est laissé donner à ceux qui se revendiquent encore de la citoyenneté de 1789.
Pour un tel pouvoir totalisant, même le droit n'est plus un garde-fou suffisant : nul besoin d'abolir les constitutions pour agir. Le régime nazi a conservé la constitution de Weimar. Le gouvernement français annonce sur le site éponyme que « la vaccination est obligatoire pour toutes les personnes au contact des personnes fragiles » alors même qu'aucun décret n'a encore paru en ce sens. Il s'agit, de manière anarchique, de fonder la légalité de l'action sur sa seule idéologie : asseoir le contrôle social total en vue du maintien du système technico-économique dont il est issu.
Ne pas penser par soi-même, c'est aussi, (surtout ?) ne plus pouvoir juger : agir sans jugement c'est risquer la banalité du mal, suivre des ordres sans prendre en considération leurs conséquences, obéir sans liberté, sans jamais prendre conscience de ce qui est fait et dont chacun est pourtant responsable.
Mais le drame c'est qu'il n'est pas possible de penser librement dans le petit bonheur privé, il est nécessaire de disposer d'un monde commun qui « relie et sépare en même temps les hommes. » « Ce qui rend la société de masse si difficile à supporter, ce n'est pas, principalement du moins, le nombre des gens ; c'est que le nombre qui est entre eux n'a plus le pouvoir de les rassembler, de les relier ni de les séparer. Etrange situation qui évoque une séance de spiritisme au cours de laquelle les adeptes, victimes d'un tour de magie, verrait leur table soudain disparaître, les personnes assises les unes en face des autres n'étant plus séparées, mais n'étant plus reliées non plus, par quoi que ce soit de tangible.3 »
Le gouvernement Macron a, depuis la révolte des Gilets jaunes, mis un violent coup de pied dans la table, dans cet espace public qui nous empêche de tomber les uns sur les autres. Isolés, nous ne pouvons plus construire un monde d'égaux (d'une égalité qui n'est jamais donnée naturellement mais construite dans une organisation sociale qui vise la justice), un monde d'hommes et de femmes libres d'agir de leur propre chef et de parler en leur propre nom. N'est-ce pas justement ce caractère incontrôlable des individus révélés par leurs paroles et leur action personnelle qu'un pouvoir cherchant à tout prix la maîtrise totale de l'humanité, entend à tout prix neutraliser ?
Adressée à l'ensemble des humains, la campagne de vaccination prend les allures d'une nouvelle politique de développement, revêtue comme toujours des atours de la philanthropie, exprimant en vérité une volonté d'asservissement total des existants à la puissance technico-scientifique. Le passe sanitaire en est le concentré et revêt par là un pouvoir maximal de nuisance. Gageons que celles et ceux qui refuseront ce projet, même s'ils deviennent des citoyens de second ordre (ce que sont déjà les milliards d'hommes et de femmes pour qui la simple subsistance est devenue un problème), affirmeront la possibilité même de vivre leur pleine condition humaine, libres, dans des communautés en recherche d'autonomie, d'émancipation face aux enfers cybernétiques, ce qui revient à sortir de la masse, « en masse4 ».

Divertissement poétique : la purification du monde.

Nous pouvions nous en douter, nous le pressentions tous vaguement : le monde
« d'avant », notre monde, celui où nous aimions vivre selon nos humbles habitudes de vivants, ce monde était impur, était un lieu d'impureté radicale, un lieu littéralement immonde avec lequel il fallait de toute urgence en finir ; un monde d'impur mélange et de proximité douteuse, de contiguïté malsaine et dangereuse. Il fallait en finir, il fallait en venir à une solution vraiment finale, à un traitement général et systématique, à une thérapie de choc. D'où cette première expérience, destinée à nous faire prendre conscience du mal qui était en nous, ce confinement salutaire où, frappés d'une sorte d'interdit religieux, nous avons pu apprendre les gestes nécessaires de repentance et d'humiliation volontaire, à nous voiler la face, à nous isoler les uns des autres pour goûter dans la solitude la joie imaginaire d'une vie préservée de tout contact avec
les autres, de toute contamination, de toute participation au mal collectif. Et ainsi nous est apparue la possibilité de distinguer le bien du mal, de séparer enfin le bon grain et l'ivraie, sur la base d'une différenciation vraiment objective.
A présent, nous savons où est le mal et en quoi il consiste – ce mal dont le virus n'était en fait que le révélateur, comme ce principe actif qui, tel un acide, précipite les réactions de la matière et fait apparaître les éléments utiles et les nuisibles. Peu importe le virus, à présent, qui ne fait que varier, comme le mal dont il était l'image. Existe désormais l'invariant : le pouvoir de déterminer définitivement la situation dans laquelle vivre sera réellement devenue une affaire sérieuse. Tel est la vertu fondamentale du vaccin qui ne sert pas d'abord à vaincre le virus, mais à tester l'humain, à tester la capacité de l'humain à se laisser traiter pour devenir conforme à une norme qui enfin ne dépasse pas les bornes de la raison raisonnante, mais se confond avec elle, sous la forme d'un calcul exact, d'une équation pure et simple qui rejette l'inconnue dans les limbes d'une existence souterraine où la vie ne se distingue plus de la mort. Alors l'espace social
devient le véritable espace dont avait besoin la vitalité renouvelée de l'espèce pour se
métamorphoser selon les exigences d'une pensée qui ne reconnaît de droit qu'à la puissance et ignore absolument les grâces accordées à la faiblesse et à l'amour.
Le monde d'après sera – est, déjà, un monde purifié, un monde vacciné contre la tentation dangereuse que représente l'amour du prochain. Non, tu n'aimeras pas ton prochain comme toi-même, comme un être qui ne se connaît que dans l'abandon de la confiance et de l'amour, tu ne l'aimeras que comme cet autre que je ne puis connaître qu'au travers du traitement qui le rend identique à moi-même et qui me garantit qu'il ne me transmettra rien d'autre que ce que je me suis inoculé à moi-même.
Vive la République. Vive la France.
Sabres, le 21 juillet 2021


Notes

  1. Hannah Arendt, La vie de l'esprit, t.1 : La pensée, 1981 (1978)
  2. Giorgio Agamben, « Distanziamento sociale », Quodlibet.it, 6 avril2020, trad. E. Schaelchli
  3. Hannah Arendt,Condition de l'homme moderne, 1983 (1958), Agora/Pocket
  4. Pièces et Main d’oeuvre, Les Chimpanzés du futur, 2014

Post-scriptum en réponse à C. Godin

Cher Christian Godin
Permettez-moi de tenter de répondre à vos arguments en distinguant trois problèmes : d’une part le rapport à la technique, d’autre part le paradigme politique et enfin le lien entre médecine et morale.
Tout d’abord par l’idée d’une « volonté d’asservissement total des existants à la puissance technico-scientifique », nous entendons la tendance, qu’elle émane des politiques ou des industriels, de toujours mettre en œuvre une solution de type technique. Dans cette crise c’est toujours plus d’organisation qui nous est imposée, toujours plus de gadgets innovants, et évidemment toujours de nouvelles trouvailles pharmaceutiques. Attribuer cette volonté à des élites est un changement par rapport à la référence religieuse à une Providence : ce qui se manifeste c’est un aveuglement des hommes face à la rationalité technicienne, une soumission non questionnée au système technicien. Et celui-ci, en détruisant la nature et tout ce qui jusque-là relevait du sacré, devient lui-même objet du sacré, au point que les pratiques addictives qui se développent dans nos sociétés obnubilées par les écrans peuvent être assimilées à une forme de liturgie, au culte de l’innovation technique.
Rien d’étonnant dans un tel contexte à ce que nous attendions collectivement des industries numériques et pharmaceutiques la panacée (médico-sécuritaire) qui nous permettrait de sortir de l’épidémie de Covid-19. Critiques de longue date de cette attitude idolâtre, nous ne nions pas l’épidémie, nous pensons au contraire qu’elle vient révéler les mauvais plis pris par une humanité entraînée dans un véritable délire techniciste, aux prises avec les ravages d’une économie toute-puissante. Et cette humanité n’est pas en position d’égalité face à ce délire : une partie en est exclue parce qu’elle n’y a pas accès, une partie s’en exclut ou essaie de s’en protéger parce qu’elle la refuse, une autre y baigne ou souhaite s’y plonger. Et « le royaume des cieux » est bel et bien ouvert à certains, ceux qui sont soumis à la technique dans leur vie quotidienne, au point qu’ils mangent, lisent, regardent, éduquent, travaillent, parlent, décident, se rencontrent, se dirigent,  se soignent en priorité à l’aide des nouvelles technologies. Est-il encore possible pour ceux qui veulent tout bonnement ne pas se soumettre encore plus avant à ce système de continuer à résister ? Que d’autres qui ne voient ni en quoi la vidéosurveillance pose problème, ni pourquoi ils refuseraient un passe sanitaire qui viole la confidentialité de leurs données personnelles puisque leur smartphone est déjà une passoire qui découvre leur intimité et celle de leurs proches, ne comprennent pas que les premiers entendent (encore) exercer leur liberté est un symptôme de leur déculturation (quelle que soit leur intégration sociale ou peut-être même cette déculturation est-elle proportionnelle à cette intégration).
La santé prend bien la place du salut, cette santé que l’OMS définit comme « un état complet de bien-être physique, mental et social ». Pour parvenir à un tel état, une « liturgie sociétale  au service d’une idole qui éteint le sujet » (Illich)  entraîne nos contemporains à se penser comme des systèmes immunitaires qu’il faut gérer, un capital abstrait à développer, pauvres éléments numériques placés sur des courbes de population, profils de risque analysés par des agents techniques, infirmiers et médecins qui en viennent à « détester leur ordinateur ».  Cette « poursuite organisée de la santé » réduit nos existences à la vie nue (zoé), au mépris des formes-de-vie (bios) par lesquelles précisément nous cherchons… notre salut.

Venons en précisément à la question politique : il n’est pas anodin que le seuil représenté par le passe sanitaire dans la mise au pas collective que constitue la gestion de la crise du Covid par les gouvernements Macron (confinements, attestations, couvre-feu, port du masque partout et pour tous, enfants de 6 ans ou parturientes compris, application anti-covid, appel à la délation) ait provoqué des allusions à Vichy et à l’étoile jaune. Cette manière de scinder la vie nue et la vie politique est une atteinte à ce que vous nommez la vie existentielle : Agamben a construit son œuvre sur l’idée que le camp était devenu le paradigme sous-jacent de la pensée politique moderne. Nous vivons dans un état d’exception (d’état d’urgence en état d’urgence) : la réponse aux terrorismes (islamiste, écologiste, et maintenant sanitaire, les enfants, « terroristes asymptomatiques » étant parmi les plus difficiles à neutraliser…) a consisté à lever l’état de droit. Dans ces circonstances tout devient possible. C’est pourquoi le passe sanitaire suscite un tel tollé. Vous écrivez que « les réfractaires au passe sanitaire s’interdisent eux-mêmes certaines possibilités » : c’est faux. Ils ne s’interdisent pas de prendre un TGV pour Paris : il leur est interdit de le prendre pour des raisons pseudo-sanitaires. Doivent-ils prouver qu’ils ne sont pas malades ? Non : être vacciné ne signifie pas qu’on ne transmet pas le virus. Ils doivent prouver qu’ils collaborent à la gestion de la crise sanitaire.  A suivre votre raisonnement on pourrait dire que les Juifs n’avaient qu’à rester chez eux s’ils ne voulaient pas porter l’étoile jaune, ce qui est proprement ignoble. Comment justifier qu’une partie des citoyens soit exclue du cours  « normal » de la vie parce que leur corps n’a pas été soumis aux dernières décisions politico-sanitaires ? Je n’ose même évoquer la possibilité (anticonstitutionnelle) que ces citoyens soient privés du droit de travailler, de consulter un médecin à l’hôpital… C’est cette étrange et inquiétante manœuvre qui doit être interrogée au grand jour.
Cela nous amène à notre dernier questionnement : loin de prôner un darwinisme social qui ne dirait pas son nom, nous espérons un resserrement des liens qui n’auraient jamais dû être fragilisés et l’abandon des pratiques qui sont à l’origine de l’épidémie : la mondialisation néo-libérale et ses « délices » (tourisme, informatisation, consommation, précisément les domaines où excellent les bienheureux, consommateurs ou producteurs, qui rêvent que le passe sanitaire ramène le monde d’avant, un monde amélioré par une techno-éco dictature). Nous affirmons la nécessité de pratiquer un art de vivre et de souffrir, d’incarner dignement  une condition humaine qui comprend la maladie, la sexuation, la mort, à distance des moyens que nous offrent la technique. Distance qu’il revient à chacun de choisir librement. Cela nécessiterait de rapprocher la médecine de la philosophie, car en réalité, nous sommes  collectivement en train d’éprouver des questionnements dignes des débats qui sont menés dans les comités d’éthique. La question morale doit être abordée dans toute sa complexité, confrontant les réponses des différents courants philosophiques et religieux qui s’interrogent traditionnellement : faut-il porter remède à la souffrance ? L’essentiel de la morale médicale (primum non nocere) n’est pas respecté par la vaccination contre le Covid 19 telle qu’elle nous est imposée (pour preuve la décharge à signer concernant les effets secondaires). Même pour un utilitariste conséquent, le principe d’autonomie passe avant la recherche de ne pas souffrir : « mieux vaut être un homme mécontent qu’un porc satisfait » dit l’adage. A partir de quand suppose-t-on qu’un individu est inapte au choix ? La situation de handicap est classiquement utilisée comme cas-limite pour faire accepter les innovations technologiques. Toutes ces prétendues innovations nous précipitent collectivement dans un monde invivable, sous couvert d’éducation, de mobilité et de santé.  Sommes-nous à ce point démunis que nous devrions nous considérer comme des personnes handicapées ?
Face aux controverses scientifiques, il  convient de rappeler que la médecine est un art. Vous vous demandez si le peuple est suffisamment éclairé pour prendre position concernant ces nouveaux vaccins (élaborés à la hâte par des industries qui croulent sous les condamnations judiciaires, voire la dernière en date pour Johnson & Johnson) : pensez-vous sérieusement qu’élites et peuples puissent être éclairés, dans une obscurité aussi bien entretenue par une propagande puissante ? Comment pouvez-vous faire confiance à des dirigeants qui manient le langage commun comme une novlangue odieuse où plus aucune vérité n’affleure ? Où est le quatrième pouvoir qui devrait permettre de poser toutes les questions abyssales que nous soulevons ensemble ?





Stop trafic routier 40

"Pour humaniser le débat, il faut le passionner, c'est ainsi qu'on ôte au pouvoir technique cette abstraction glacée qui lui donne le coupant de l'acier"

Bernard Charbonneau, Tristes campagnes

Suivant le principe ellulien "Penser global, agir local", nous vous invitons à soutenir l'action du collectif Stop trafic routier 40, qui lutte pour l’interdiction du transit des poids-lourds sur la départementale qui relie Bordeaux à Mont-de-Marsan.

La cour d'appel de Bordeaux a rejetté la dernière demande du Conseil départemental concernant la levée des arrêtés départemetnaux, au motif que l'intérêt des routiers ne doit pas être sacrifié à celui des habitants ! Ultralibéralisme, quand tu tiens tout un pays !

Continuez à lutter. Juridiquement communes et département se lancent dans une requête auprès du Conseil d'état. En attentant, les citoyens se regroupent. Vous pouvez :

- écouter une présentation du collectif sur France Bleu Gascogne

- signer une pétition en ligne

- suivre la page Facebook du collectif

- regarder le reportage sur France 3 Nouvelle-Aquitaine

- nous écrire : collectifstoptrafic40 at protonmail.com

A bientôt !

Mémoire vivante : les quartiers de Bordeaux Sud aux prises avec la modernité


Après trois ans de travail, une cinquantaine d'ateliers de parole avec les habitants de Bordeaux, quartiers sud, voici que parait Mémoire vivante, aux Editions du détour. Un travail sur la mémoire de personnes oblige à la fidélité, aux propos et aux idées échangées durant les rencontres.
C'est pourquoi, afin d'apporter un regard réflexif sur l'histoire des quartiers depuis les années 1930 (époque d'où datent les plus anciens souvenirs que nous avons récoltés), nous avons choisi de ponctuer récits et photographies (souvent tirées d'archives familiales ou prises pour l'occassion) de citations d'auteurs dont la pensée éclaire cette grande mue (B. Charbonneau). La ville en est à la fois le sujet et l'objet, prise dans un siècle de modernisation incessante, emportée dans une métropolisation à échelle européenne, soumise aux opérations d'un aménageur "d'envergure nationale", Euratlantique.

L'extrapolation à partir du passé est un détour nécessaire pour s'affranchir des graves lacunes que comporte la connaissance propre à une seule génération. Ne pas prendre le temps de reconsidérer le passé compromet l'acuité du regard qu'il faut porter pour comprendre le présent et commander à l'avenir. (L. Mumford, Le mythe de la machine, 1966, cité par R. Garcia, La collapsologie ou l'écologie mutilée, 2020)

Dans ce livre, porté par une association d'éducation populaire, Philosphères, écrit à quatre mains (Florence Louis et Marianne Peyri), résonne les voix des anonymes à qui on ne demande jamais leur avis. Ce ne sont ni des experts, ni des représentants (d'entreprises, d'institutions, d'associations...) : des personnes qui parlent en leur nom, de ce qui est le plus cher à leurs yeux : leur existence, celle qu'ils partagent avec leur famille, leurs voisins, leur rue, leur ville. Et comment cette existence s'est transformée, sans décision, comme par un glissement tacite du commun vers le marchand. On ne trouvera que rarement de prise de parole clairement politisée (au sens où l'individu a conscience de chercher à "faire polis", à parler au nom et pour la communauté). Ce sont les détails, les anecdotes qui disent le sens et même le plus souvent le non-sens qui préside aux bouleversements urbains, traduits au quotidien.
A l'invitation d'Ivan Illich, comme le crabe, remontant le temps à reculons : partez de Bordeaux 2020, métropole qui se projette en smart-city pour reculer jusqu'aux temps où la ville encore conviviale est faite d'habitats vétustes dans ses quartiers populaires, là où la vie rime encore avec pêche de subsistance, marchés paysans et entraide. Tentez le voyage et laissez parler ceux qui certes n'ont pas fait la révolution (même si certains racontent le rêve de 1968), mais portent en eux les traces de ce qui a construit notre présent, à l'heure où il chavire. 

Mémoire vivante, Florence Louis et Marianne Peyri, Editions du détour, 2020, 188 pages, 20 euros.
En vente en librairie

Qu'aurions-nous fait ? Ou l'encerclement par l'évidence

Vous pouvez admirer les roses photographiées dans le jardin ; vous n'en sentirez pas pour autant le parfum.

« Personne n'a pris le commandement du système technicien pour arriver à un ordre social et humain correspondant. Les choses se sont faites, « par la force des choses », parce que la prolifération des techniques médiatisée par les médias, par la communication, par l’universalisation des images, par le discours humain (changé), a fini par déborder tous les obstacles antérieurs. par les intégrer progressivement dans le processus lui-même, par encercler les points de résistance qui ont pour tendance de fondre, et cela sans qu'il y ait de réaction hostile ou de refus de la part de l'humain parce que tout ce qui lui est dorénavant proposé d'une part dépasse infiniment toutes ses capacités de résistance (dans la mesure où il ne comprend pas, le plus souvent, de quoi il s'agit), d'autre part est dorénavant muni d'une telle force de conviction et d'évidence que l'on ne voit vraiment pas au nom de quoi on s'opposerait. S'opposer d'ailleurs à quoi ? On ne sait plus, car le discours de captation, l'encerclement, ne contient aucune allusion à la moindre adaptation nécessaire de l'homme aux techniques nouvelles. Tout se passe comme sicelles-ci étaient de l'ordre du spectacle, offert gratuitement à une foule heureuse et sans problème. »
Jacques Ellul,
Le bluff technologique

« Qu'aurions-nous fait sans Internet ? » : tel est le nouvel argument qui glisse des lèvres des confinés. Nouveau ? Pas vraiment. Il n'est que le sempiternel « y a quand même du bon dans les nouvelles technologies ! », remis au goût du jour. Il reprend toutefois aujourd'hui de la vigueur, très utile pour justifier les projets pharaoniques tels que le déploiement de la 5G ou plus largement l'orientation techniciste du gouvernement. Ainsi le ministre de la Culture, Franck Riester feint de constater le 19 avril dans le Monde que « les outils numériques sont un formidable moyen d'accéder à la culture »...

Évidemment, si la technologie n'apportait rien, nous ne l'utiliserions pas. Être cloîtré chez soi pendant deux mois, pour une grande majorité d'urbains, avec ou sans enfant, confère aux écrans domestiques une importance encore plus forte qu'elle ne l'était. Parce qu'une bonne part des efforts de chacun s'est tournée vers ces média : certains ont été sommés de le faire (enseignants, télétravailleurs, médecins...), d'autres se sont libérés de l'injonction (ainsi ces professeurs des écoles qui ont distribué les devoirs sur papier à leurs élèves, par paquet d'un mois!). D'autres ont volontairement proposé des contenus sur le web, comme s'il fallait être absolument présents (pour ne pas disparaître dans cet « après » que beaucoup rêvent empreint d'une sagesse digne des grands philosophes ?). Il semble indispensable d'apporter sa pierre à l'édifice virtuel. Tous ces contenus « culturels » visent à participer à la « Nation apprenante ». Étrange que cette réapparition du mot nation, au moment même où l'humanité tout entière affronte le même problème.

Notre crainte tient en ce que cette situation exceptionnelle – le confinement – ne demeure un modèle de société.

Soulignons ce qui nous semble paradoxal : d'un côté on vante les mérites d'une technologie qui rassemble « la nation », et de l'autre on nous promet que cette utilisation plus que massive (monopolistique aurait dit Illich) de la technologie comme dispensatrice de culture restera exceptionnelle et que tout rentrera dans l'ordre. C'est oublier qu'avant le virus, l'ordre était déjà un ordre technicien.

Certes, rétorqueront certains, il n'y a pas que cela, par exemple les ventes directes des petits producteurs ont explosé... Mais les Amap étaient déjà répandues, seule manquait la motivation des « consom'acteurs » qui se sentaient plus « libres » d'aller au supermarché. Et aux dernières nouvelles on ne mange pas encore de l'ordinateur. Que des solidarités se soient développées en dehors d'Internet ne doit pas nous amener à relativiser l'impact de la digitalisation de nos existence. Les deux aspects sont concomitants et ne se compensent pas. La société et le système technicien restent dissociés.

Mais l'autre phénomène que nous voudrions souligner, c'est qu'outre cette manière de penser la culture comme une ressource produite par certains et distribuée dans les foyers grâce à Saint Computer, les technologies numériques sont désormais ce qui relient les hommes et les femmes, et même pourrait-on dire, ce qui tient lieu de religion. Les signes de ce désir de communion dans le tout étaient déjà sensibles à travers l'addiction aux smart-phones : la connexion en lieu et place de la présence charnelle à l'autre. Le sacré transféré à la technique : c'est ce qu'écrivait déjà Jacques Ellul en 1954.

Et les conséquences de ce phénomène sont d'autant plus innombrables que le déni de cet état de fait reste quasi total. Qu'aurions-nous fait sans Internet ? Que ferions-nous sans la technologie ? Ces questions, largement rhétoriques, méritent d'être mises en parallèle avec celle-ci : « Que ferions-nous sans l'aide de Dieu ? ». Vivre la technique comme une providence, c'est se soumettre à ses diktats.

Alors non, définitivement, nous refusons de croire que d'un point de vue culturel, la technique nous a sauvés de quoi que ce soit : nous serions comme des prisonniers dans leur cachot qui glorifieraient leurs matons. Demandons-nous plutôt ce qui nous a réduit à l'état de prisonniers qui attendent que la culture leur parvienne par des mains invisibles, comme la pitance à travers une grille. Pourquoi la nature a t-elle disparu de nos vies quotidiennes ? Pourquoi la possibilité de s'en nourrir est-elle vécue comme un privilège ? Pourquoi sommes-nous pour la plupart cloîtrés dans des appartements, privés de toute capacité à créer autre chose que de quoi se divertir ? Ce sentiment d'être privilégié parce qu'on a un jardin, une cour, un balcon, un parking en plein air ou même la vue sur un arbre permet de contrecarrer tout sentiment de révolte face à notre façon d'être logé dans le monde : « la société nous a dépossédés du droit d'habiter » expliquait Ivan Illich dans un article d'El Pais (5 juin 1983) : « avec la même évidence avec laquelle on met le lait en brique de carton, on nous installe pareillement dans des maisons-garages. » Sans communaux pour construire en commun, nous nous replions sur nos écrans pour oublier que nous n'avons plus de monde à habiter.

Rappelons le triptyque qu'Ellul dessine à la fin de son ouvrage de 1988, Le bluff technologique : sur le panneau principal apparaît l'homme adapté : calmé par ses hypnotiques, jogging et autres entraînements. Sur le volet de gauche, l’homme fasciné fait face au joueur, l'homme diverti, qui figure sur le volet de droite : «  jouez, jouez, nous nous occupons du reste »... Individus « sans transcendance ni Nature », auto-centrés, qui « s'offrent en spectacle à d’autres individus »... Fasciné, adapté, diverti : tel est l'homme d'aujourd'hui. Ne croyez pas qu'il soit libéré, privé de la présence de l'autre, en chair et en os.

« La croissance technicienne enlève à l'homme ce qui fait de lui un homme ». Reste la vie nue. Est-ce là encore une vie humaine ?


Lettre ouverte à M. le Maire d'Egletons (et à travers lui à tous les maires de France et à ceux qui nous gouvernent), par Edouard Schælchli



Monsieur le Maire,

Vous avez pris la décision, en avance sur toute disposition réglementaire nationale, d'interdire le marché qui se tient ordinairement le dimanche sur la place centrale d'Egletons et d'en avertir immédiatement les marchands présents dimanche dernier (22 mars). Vous vous sentez sans doute aujourd'hui justifié d'avoir ainsi procédé par l'interdiction générale qui s'est, entre-temps, étendue à tout le territoire, sauf dérogation spéciale des Préfets. Vous ne vous poserez donc sans doute aucune question et n'éprouverez aucune espèce de doute concernant le bien-fondé d'une telle décision. C'est l'avantage d'une situation d'urgence que de simplifier à l'extrême les formalités juridiques et les procédures administratives pour les rendre purement et simplement expéditives.

Il appartient de droit aux citoyens qui vous ont élu de vous faire part de l'inquiétude où les met cette précipitation des Pouvoirs Publics à suspendre, pour des raisons sanitaires prétendument scientifiques, toutes les conditions de la vie sociale ordinaire, sans laisser aux individus la moindre part d'initiative pour se préserver au mieux d'une épidémie dont le moins qu'on puisse dire est qu'elle n'a nullement été anticipée par les dits pouvoirs. Vous-même n'avez été récemment reconduit dans vos fonctions de Maire que parce que le haut conseil scientifique jugeait que la tenue des élections ne présentait pas de risque particulier, du moment que se trouvaient respectées certaines mesures de précaution. On peut imaginer qu'aujourd'hui le même Conseil haut et scientifique jugerait extrêmement dangereux de vous élire, ce qui devrait, par voie de conséquence, vous rendre vous-même plus circonspect à l'égard des décisions que vous prenez. Qui sait, en outre, si, demain, il ne sera pas jugé dangereux de faire ses courses dans les grandes surfaces que, par votre décision, vous favorisez dans une certaine mesure ? Pourquoi n'appartiendrait-il pas, étant donné l'incertitude qui plane aujourd'hui sur le caractère réellement rationnel des décisions scientifiques, à chaque individu de veiller lui-même sur sa santé en choisissant de faire ses courses en plein air plutôt que dans l'atmosphère aseptisée et peu ragoutante de supermarchés où de malheureuses caissières se trouvent contraintes de s'exposer à la contagion alors qu'elles auraient toutes les raisons de rester chez elles ?

Je suppose que vous avez sursauté en me voyant mettre en cause le caractère « rationnel » des décisions dites scientifiques. C'est que vous partagez sans doute une croyance dont j'avoue m'être moi-même progressivement émancipé depuis que j'ai appris que les antibiotiques dont on a gavé plusieurs générations d'enfants (par ailleurs non allaités) depuis la fin de la seconde guerre mondiale devaient être utilisés avec prudence à cause des effets qu'ils ont à long terme sur les défenses immunitaires de l'organisme. Peut-être l'humanité serait-elle mieux défendue contre le virus auquel on prétend aujourd'hui opposer un arsenal de mesures dignes d'une guerre mondiale, si l'on avait songé à développer nos systèmes d'immunité naturelle plutôt que de nous rendre de plus en plus dépendants d'une médecine largement inféodée aux laboratoires pharmaceutiques que leur logique de rentabilité a conduits à délocaliser en Chine la plupart de leurs unités de production. Sans préjuger de rien en matière de prévention et de thérapeutique, il est de la plus saine rationalité d'admettre qu'un système de santé publique n'a pas à s'enfermer dans une vision unilatérale excluant a priori toute discussion sur ce qui définit et favorise la santé.

La question pourrait ne pas sembler d'actualité, étant donné le caractère de gravité et d'urgence de la crise que nous vivons. Pourtant, au regard de ce qu'il nous est donné d'entendre quotidiennement à la radio (où il est frappant de constater qu'a été drastiquement limitée toute liberté d'expression, comme si nous étions en guerre), on est tout à fait fondé à se demander si la caution scientifique ne sert pas avant tout de paravent à une volonté délibérée d'imposer au pays une norme qui pourrait, une fois l'urgence passée, inspirer un nouveau modèle de socialité où des choses comme « la rue » et « la vie quotidienne » feraient l'objet d'une forme de normalisation accrue, en fonction des risques mis en évidence par la crise actuelle. Je sais, M. le Maire, que vous n'êtes pas un philosophe et que votre bon sens se borne à gérer les affaires de votre commune conformément aux orientations définies par la réglementation-législation française et européenne, lesquelles font de la plupart des « élus préférés des Français » de pauvres pions incapables de la moindre initiative sérieuse. La manière dont se sont imposées les monstrueuses intercommunalités dans lesquelles vos compétences se noient en est l'illustration la meilleure. Mais enfin, vous êtes un homme, M. le Maire, comme tout le monde, et cela devrait suffire à vous faire sentir tout le ridicule qu'il y a à empêcher vos administrés de sortir se promener autour du lac d'Egletons ou dans les bois qui nous entourent. On a pu entendre récemment un préfet déclarer que « les endroits où les gens ont envie d'aller sont justement ceux qu'on va leur interdire ». En Italie, un observateur patenté s'est exclamé, désolé : « On voit encore des gens dans les rues, malheureusement ! » Noble et scientifique objectivité !

N'allez pas penser, surtout, que j'ai la naïveté de soupçonner nos dirigeants de vouloir attenter à nos « libertés ». Non, je le sais, on ne nous interdira pas demain de faire nos courses où nous voudrons, ni de consommer comme nous le désirerons, ni de faire du tourisme sanitaire, culturel ou sexuel comme bon nous semblera. Mais c'est pire : sans rien nous interdire de précis, on nous aura sensibilisés à quelque chose qui s'accorde parfaitement avec un modèle de société bien précis, où toutes les activités sociales, culturelles se trouvent comme déracinées du sol communautaire qui les rend nécessaires pour être affectées d'une sorte de brevet d'élasticité les rendant adaptables à tous les contextes virtuels du complexe socio-économique généré par la double action de la mondialisation marchande et de la techno-science. Oui, M. le Maire, cette phrase est trop longue, et elle sent un peu le fagot de l'idéologie écolo-libertaire que vous détestez. J'en suis désolé. Pour le dire plus simplement, je crains fort qu'on nous contraigne à vivre tous constamment branchés, par puce ou smartphone interposés, à un système entièrement déterminé par une logique marchande et technicienne. Vous ne comprenez toujours pas ? Disons alors plus simplement encore que nous risquons de devenir comme on nous dit que sont les Chinois, constamment préoccupés de ressembler à des Occidentaux, fiers d'appartenir à une nation qui dame le pion aux Américains, tout heureux de se faire exploiter du moment qu'on les laisse jouer toute la journée à des jeux-videos et incapables de se rendre compte que tous ces avantages compromettent gravement les équilibres naturels sans lesquels il n'y aurait même pas de vie économique (mais c'est sans doute exagéré, la plupart des Chinois sont en réalité de bons paysans qu'on a brutalement déportés pour en faire des singes de l'urbanité mondialisée).

Il paraît que la Chine a su prendre à temps toutes les mesures indispensables pour enrayer l'épidémie. Mais c'est parce qu'elle était « prête à temps ». Elle était déjà une dictature. Si nous acceptons de nous laisser dresser, par le confinement, nous deviendrons peut-être un jour capables de faire comme elle, et nous prouverons qu'il n'y a, finalement, pas grande différence entre la dictature et la démocratie. En d'autres termes, nous serons heureux. C'est assurément mieux que d'être morts. Monsieur le Maire, je ne sais comment vous remercier de votre « bienveillance ».

Egletons, le 25 mars 2020.

Stop ! Il faut s'arrêter


Stop ! Il faut s' arrêter (20 janvier 2020).



Premier atelier d' écriture de l' année 2020 au Petit grain, il y a plus d' un siècle...

Nous étions cinq ce mardi soir au Petit Grain : Adèle, Florence, Geneviève, Sam et Bernadette.

Nous avons écrit collectivement, en faisant tourner les feuilles, sans thème imposé au départ.

  "Ce soir-là, la Terre tournait plus vite que d' habitude et ça faisait "un drôle de tintamarre", se disait-il en comptant les coups accélérés de l' horloge. Au plafond, un papillon de nuit semblait figé pour l' éternité. Il était sans doute là depuis longtemps et avait dû en voir des crépuscules agités. Peut-être que moi aussi, je finirai par m' habituer à ces changements soudains de rythme.

La planète était en folie ; on disait aussi en furie. Depuis quelques temps, le temps n' était plus ce qu' il était et...

l' espace non plus ne rimait plus à rien. Les villes se condensaient tant qu' elles risquaient de s' écrouler de l' intérieur, sur elles-mêmes.Les prairies et les forêts subissaient de fortes coupes, haies, bois, taillis tombaient les uns après les autres sous les instruments tout-puissants des gestionnaires du monde...

Ces questions résonnaient dans sa tête comme la basse battant la mesure sourdement.

La pièce où je me trouvais était plus que splendide : de jolis volets mauves attachés de rubans vert pomme, un canapé noir, devancé par une petite table...

Depuis l' espace, l' accélération de la rotation de la Terre avait démis les satellites géostationnaires de leur orbite ; ils erraient sur des orbites aléatoires. Tout le système de guerre des étoiles était détraqué, plus de GPS non plus...

Sur Terre, pour éviter des conflits incessants, des groupes, au début petits, aujourd' hui conséquents, quittaient les grandes villes à pied et parcouraient sans hésiter des centaines de kilomètres pour s' immerger dans la nature. D' autres réalités les y attendaient, pas toujours simples, mais toutes et tous témoignaient d' un apaisement, d' une forme d' émergence de gratitudes incessantes qui donnaient du coeur à l' ouvrage car, dans la nature, il leur fallait apprendre à être solidaires pour survivre, sans répéter les erreurs passées...

C'était maintenant ou jamais. Il n' était plus question de différer, de remettre à demain, dans un éternel futur de renoncement qui n' aurait jamais jour. Du passé, ils avaient fait table rase, et avaient bien failli se faire débarrasser de la table, eux aussi. Pour le dessert, il faudrait repasser. Traqués, détraqués, chantaient-ils, sans parvenir à trouver de nouvelles rimes.

Stop, il faut s' arrêter!

"On efface tout, on recommence, et c' est pas triste!"

Merci à GéBé, et aussi à Cabu, à Wolinski et quelques autres, merci à toi, Hara-Kiri, merci Charlie"

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Colloque Bernard Charbonneau à Sciences Po Bordeaux


Colloque Bernard Charbonneau

Organisé conjointement par l’AABCJE, Association Aquitaine Bernard Charbonneau – Jacques Ellul
et le Centre Émile Durkheim Sciences Po Bordeaux 

21 novembre 2019

8h30-9h : Accueil des participants. 

9h-9h20- Ouverture : Vincent Tiberj (IEP), Florence Louis (Association Aquitaine Bernard Charbonneau – Jacques Ellul). 

Session I Contexte et fondements éthiques et spirituels de la critique du totalitarisme industriel 

9h20-10h20 

Patrick Chastenet : Bernard Charbonneau et Foi et Vie : un théologien agnostique chez les protestants ? 

Frédéric Rognon : Bernard Charbonneau et le christianisme. 

Discussion: 10h20-10h50 

Pause: 10h50-11h10 

11h10-12h10 

Jean-Sébastien Ingrand : Penser la collapsologie à la lumière de la Grande Mue. 

Quentin Hardy : de Emmanuel Berl à Bernard Charbonneau : la critique de l’industrialisme dans les années vingt et trente. 

Discussion : 12h10-12h40 

Témoignage n°1 Simon Charbonneau 12h40-13h 

REPAS MIDI 13h- 14h 

Session II Vers la totalisation sociale

14-15h 

Daniel Cérézuelle : techniques d’organisation et totalisation sociale. 

André Vitalis : Numérique, Etat et société. 

Discussion: 15-15h30 

Pause: 15h30-16h 

16h-17h 

Sarah Nechstschien: soumission, maîtrise et dépassement : Généalogie du rapport à la nature dans la production de parfum. 

Thierry Paquot : La banlieue totale ou la fin des villes, des campagnes et des paysages. 

POT : 17h15-19h 

 

22 novembre 2019

 Session III L’action et ses objectifs 

9h-10h 

Sébastien Morillon : Bernard Charbonneau et l’action. 

Christian Roy : Bernard Charbonneau face à la violence : à travers Guerre et Paix, l’Etat et la Révolution. 

Discussion 10h-10h30 

Pause 10h30-11h 

11h-12h 

Renaud Garcia : Leur écologie et la nôtre. La pensée de Charbonneau face aux experts de l’effondrement. 

Daniel Cocula : L’état d’équilibre, troisième voie entre le système et le chaos. 

Discussion : 12h – 12h30 

Témoignage n°2 : Frédéric Boutet : Paysan en Corrèze 12h30-12h50 

REPAS MIDI 13- 14h 

Session IV Alternatives 

14h-15h 

Cécile Gazo : puissance et limites du mouvement de retour à la terre. 

Léandre Mandard : Culture locale, nature et liberté selon Bernard Charbonneau 

Discussion: 15h-15h30 

Pause 15h30 -16h 

16h-16h30 

Jacques Prades : De Bernard Charbonneau au renouvellement de l’économie sociale. 

Discussion : 16h30 -16h45 

Table -ronde : 16 h45-17h45 

Actualité de la pensée de Bernard Charbonneau 

Thierry Paquot, Sébastien, Morillon, Jacques Prades, Christian Roy, Daniel Cérézuelle.

20h15 au Cinéma UTOPIA 

Autour des films de Ben Rivers : Slow Action et Urth 

Projection et conférence – débat par Thierry Paquot

Il y a quelque chose qui cloche


Un texte écrit par Anthony Rouet à l'occasion de l'atelier d'écriture du 16 avril 2019 au Petit Grain, séance animée par Samuel El Flury

Il y a quelque chose qui cloche, le printemps pointe son nez, les pollens nous envahissent, les ouvriers font la pose sur la photo. La représentation habituelle de la ville s’envole avec le vent.

J’ai prié sainte couette toute la nuit, mais je suis quand même obligé d’aller travailler.

Quelque chose cloche, dans les décombres on a retrouvé les restes calcinés de Quasimodo, hier soir, son pantalon de marque chinoise aurait pris feu.

Les ouvriers font place net pour le renouveau. Pour un nouveau Paris, une nouvelle France, joyeuse, soucieuse de l’intérêt de l’autre, pour une surveillance mutuelle entre citoyens. Notre président reprend les choses en mains, cette liberté qui nous est si compliquée, et bien il va nous la reprendre, pour nous rendre heureux.

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